mardi 7 mai 2013

Le temps matériel, Giorgio Vasta

Un premier roman italien dont l’histoire se déroule à Palerme durant la fatidique année 1978, celle des Brigades rouges et de l’assassinat d’Aldo Moro qui a fortement ébranlé tout le pays.
On suit les jeux  cruels de trois enfants de onze ans qui parlent et résonnent mieux que bien des adultes. Ils admirent  et veulent imiter les Brigatistes dont ils entendent tellement parler à la télévision. Ils s’inventent un nouveau langage, créent leur bande et  entrent dans une spirale d’actes de plus en plus violents. Sans véritable éducation et laissés à eux-mêmes, ils absorbent  comme des éponges ce que les médias  dévident à outrance : des discours et des cris de haine, des images de morts dans les rues,  des explosions dans les lieux publics, des crimes politiques. Ils font comme tous les enfants du monde: ils veulent imiter leurs héros: ceux dont on parle partout.

 Voici les premières impressions du jeune narrateur à son arrivée à Rome qu'il voit pour la première fois.
A travers les fenêtres du couloir, j'observe les premières traces de la ville affamée qui explose depuis des mois dans les journaux et à la télévision, la ville qui fourmille de corps, la beauté des corps brigatistes, la splendeur de mars qui éclaire d'une lumière furieuse l'homme et la femme du train, mes nouveaux parents, leurs pas rapides entre les planches, les tracts de revendication qu'ils déposent convulsivement et clandestinement, le bruissement permanent de la peau, le sexe mordillé sur les lits de camp, les pratiques animales, et cette Rome tragique sous le soleil. 
Certains ont crié au chef d’œuvre. J’y ai cru mais j'ai très vite compris que je n’aimerais pas ce récit  malgré le style particulièrement recherché et imagé. La séance de torture des chats vagabonds en ouverture du livre me l’a immédiatement laissé supposer et c’est bien ce qui est arrivé. J’ai fini par laisser tomber cette lecture à la page 112. Cette plongée vertigineuse dans une violence sans fin magnifiée par des enfants me laissait un trop grand malaise insuffisamment compensé par mon admiration pour l'écriture.   La vie est trop courte pour se l’empoisonner ainsi.  
Le temps matériel, Giorgio Vasta 
Traduit de l'italien par Vincent Raynaud
(Gallimard,  premier roman,  juin 2010, 364 p.)

Challenges d'Anne,  Premier roman, Voisins, voisines, pour l'Italie,
Challenge de Géraldine, Des livres et des îles, Sicile,
Défi PR1

14 commentaires:

  1. Je crois que je réagirais comme toi... Si on torture des chats (ou n'importe quel animal, bien entendu) et si les enfants ont un rôle qui nous met mal à l'aise, en général, j'étouffe et j'arrête vite.

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    1. J'ai pourtant bien apprécié le style de l'auteur mais j'étouffais en lisant toute la noirceur évoquée par ailleurs!

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  2. Pas du tout envie de le lire (malgré l'extrait que je trouve très beau) exactement pour les raisons que tu évoques. La débauche de violence en littérature j'ai déjà du mal , mais si elle est administrée par des enfants, je passe immédiatement mon tour.

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    1. C'est ce qui m'a le plus gênée. Je pensais être plus forte et pouvoir tout lire: erreur!

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  3. Tu as raison, la vie est trop courte !

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  4. Je comprends ton malaise. Voila un roman qui ne m'attire pas du tout.

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  5. De la torture de chats? (ou d'humains) niet niet!

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    1. Le pire devient naturel et exaltant chez ces enfants. Je n'ai pas supporté.

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  6. J'admire ta réaction Mango, malgré le beau style de l'écriture , on ne peut pas faire comme si on est des extra- terrestres!Et encore rien ne prouve, qu'ils ne sont pas humains, comme nous! La période des brigades rouges est particulièrement douloureuse!
    Bonne soirée Mango!

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    1. Merci Bizak. Je ne lis plus que pour mon plaisir. Lire étant mon loisir préféré. J'écarte donc désormais sans scrupule les livres qui me déplaisent. Je n'hésite plus à stopper net ma lecture pour passer à autre chose. Pour de l'information, je vais à la source et je ne la cherche pas dans les romans.

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  7. Ah mauvaise expérience alors. Effectivement, une telle violence dans un livre, ne me tente pas trop, y'en a déjà assez dans la vie...

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  8. Le thème m'intéresse, mais vu ton avis, je passe.

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