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lundi 31 mars 2014

Plonger, Christophe Ono-Dit-Biot


"Ils l’ont retrouvée comme ça. Nue et morte. Sur la plage d’un pays arabe. Avec le sel qui faisait des cristaux sur sa peau. Une provocation. Une invocation. À écrire ce livre, pour toi, mon fils. » (1ères phrases)
Un homme enquête sur la femme qu’il a passionnément aimée. Elle est partie il y a plusieurs mois, pour une destination inconnue, le laissant seul avec leur petit garçon. Quand le roman s’ouvre, on l’appelle pour lui dire qu’on l’a retrouvée morte, sur une plage, près des vagues, vraisemblablement noyée, dans un pays lointain au paysage minéral qui pourrait être l’Arabie. Elle était artiste, elle s’appelait Paz. Elle était solaire, inquiète, incroyablement douée. Elle étouffait en Europe. Pour son fils, à qui il doit la vérité sur sa mère, il remonte le fil de leur amour - leur rencontre, les débuts puis l’ascension de Paz dans le monde de l’art, la naissance de l’enfant – et essaie d’élucider les raisons qui ont précipité sa fin.

Mon avis :
 Je viens de refermer ce  roman et je suis encore dans son monde. Lentement je reprends ma place  dans mon quotidien mais mon esprit est  ailleurs, avec César et Paz, leur fils Hugo et  l’autre fils adoptif, Nour, le requin, avec le mystérieux Marin qu’on finit enfin par connaître et Kim, la belle rousse, la dernière amie, là-bas,  au bout du monde,  entre ces murailles sous-marines où tout se dénoue.
J’en suis encore toute remuée, subjuguée, infiniment admirative. C’est un de ces grands romans dont je me souviendrai longtemps. Dès le début je l’ai aimé mais comme ça, surtout à cause du style qui m’a immédiatement accrochée. Quelle qu’elle soit, même immense, une histoire d’amour, finit toujours par se banaliser sauf que cette fois, ça va au-delà,  il s’agit d’autre chose qui m’a semblé nouveau, merveilleux et plein d’espoir. Ce n’est ni de  la science fiction, ni de la sorcellerie, c’est pourtant le sort de l’humanité qui est en question avec un peu plus de sagesse, d’humilité et de connaissances, de respect pour la nature et ses survivants.  Il y est question d’amour des animaux, de connaissances scientifiques, de respect pour les enseignements des anciennes croyances, d’art surtout, la photographie, la peinture, la poésie. Le roman se termine par l’évocation d’un poème de Philippe Larkin, «Water» qui n’est d’ailleurs pas cité. Tout est incitation à aller voir ailleurs, à se documenter. Rien n’est pesant. Pourtant j’ai eu constamment envie de noter un tas de passages mais prise par le feu de la narration, je me suis abstenue. Tant pis. Il faudra le relire! Un grand, grand bonheur de lecture. Je le mets dans mon panthéon, ce roman d’amour fou, cette initiation à une autre vie, cet apaisement possible après la tristesse et la perte, cette volonté  de continuer à vivre ou à  survivre.

Je prends une grande inspiration.
Je bascule.
Je plonge. (dernières phrases)
                                                                                           ***
Dernière nouvelles: l'actrice Mélanie Laurent (film : Respire) écrirait en ce moment l'adaptation cinématographique du roman d'Ono-dit-Biot, avec Julien Lambroschini.
                                                                     ***
Autres avis:
LeiloonaUn roman intelligemment construit où l’amour et l’art s’entremêlent, une histoire terriblement touchante qui ferre son lecteur dès les premiers chapitres. Un récit qui donne aussi terriblement envie de voyager encore et encore avec son ou sa Paz …
Noukette: " Plonger" est un roman étonnant qui fascine autant qu’il déstabilise.
Valérie: De la quinzaine de romans lus pour cette rentrée littéraire, celui-ci est mon préféré.
L'Irrégulière: Coup de cœur!  Dans une langue très belle, où affleure parfois la poésie mais émaillée aussi de traits d’humour parfois désabusés, l’auteur nous invite à plonger avec lui.

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Plonger, Christophe Ono-Dit-Biot, 

(Collection Blanche, Gallimard, Rentrée  2013, 444 p.)

Grand prix du roman de l'Académie française 2013,
Prix Renaudot des Lycéens

mardi 22 février 2011

Man Ray, Portraits, Paris-Hollywood-Paris, Centre Pompidou

C’est un très grand, très gros et très bel  ouvrage, de ceux qui font référence,  que cet album sur les portraits exécutés par Man Ray  lors de ses deux séjours à Paris,  avant et après la deuxième guerre  mondiale. 
J’ai passé trois heures avec lui à la bibliothèque, sans m’en apercevoir.  Je voulais juste le feuilleter au départ, par simple curiosité et parce que c’est un photographe que j’aime. De plus mon attention avait été attirée par l’information  suivante,  écrite  en présentation de ce livre volumineux : «Cette collection se place entre celle de Nadar pour la seconde moitié du XIXe siècle et celle des studios Harcourt pour l’après-guerre.» 
Dès lors, comment résister ?
Je me suis cependant vite rendu compte que ce n’était pas forcément les photos les plus belles et les plus réussies qui m’attiraient mais celles montrant des personnes déjà rencontrées à travers mes lectures 
Voici celles qui m’ont le plus émue :

Sylvia Beach (p80) dans sa fameuse librairie de Paris, «Shakespeare et Cie», face à celle d’Adrienne Monnier  («La maison des amis des livres»)  On y lisait plus qu’on n’y vendait !



René Crevel vers 1930 (1900/1935), poète surréaliste, émouvant, mort très jeune. Très élégant ici avec cravate et pochette.


Marcel Duchamp et sa tonsure en étoile (p 126)


Leonor Fini et son chat qui semblent porter tous deux la même fourrure.(p 140)

Le masque mortuaire de Modigliani di différent de ses photographies.

Cet autre de Proust en 1922. Man Ray ne connaissait pas l’auteur et ne l’avait jamais vu mais Cocteau lui avait demandé de prendre cette photo de Proust sur son lit de mort sans la publier.  Le cliché sera publié dans certains journaux cependant mais sans le nom de Man Ray


Un Cocteau différent du mondain  des dernières années que je connaissais surtout jusqu'ici.


M’ont émue aussi tous les portraits de personnes en vue à cette époque et disparues peu après en déportation.
Ainsi celle de Sonia Mossé (1917/1943), actrice et artiste proche des surréalistes qui tenait avec Agnès Capri le cabaret lesbien, «Le Capricorne»,ouvert en 1938 . On la voit avec Nush Eluard, la compagne de Paul Eluard.


Man Ray disait :  "C’est le visage humain qui m’intéresse .  Dès que je vois un visage que je trouve intéressant, j’aime le photographier."

Man Ray Portraits,Paris-Hollywood-Paris, Centre Pompidou, Textes de Man Ray , 500 des plus beaux portraits de Man ray,surtout entre 1624 et 1640, à Paris;pris dans le célèbre atelier de Man Ray, 31, bis, rue Campagne-Première. Préface de Alfred Pacquement, Directeur du Musée d’Art Moderne. Sous la direction de Clément Chéroux , Textes de Clément Chéroux et Quentin Bajac. Couverture : Dora Maar en 1936 (détail)

mercredi 9 juin 2010

Le combat ordinaire de Manu Larcenet, Ma BD du mercredi

J’ai lu le premier tome d’une série de quatre et j’ai beaucoup aimé cette histoire de Marco, un jeune célibataire qui arrête pendant plus d’un an d’exercer son métier de photographe pour s’accorder un peu de répit. Après avoir  quitté son psy et fait le tour de sa famille, son frère jumeau et ses parents, sa mère qui ne cesse de se faire du souci pour lui et son père qui perd la mémoire, il se convainc qu’il est fait pour vivre seul avec Adolf, son chat . Il passe donc son temps à la campagne entre un gentil voisin qui joue à la pêche et un autre, un  chasseur  irascible qui blesse Adolf.  Emilie, la jeune vétérinaire qui  soigne celui-ci,  devient sa petite amie mais lorsqu’au bout d’un an elle exprime son envie d’avoir une vraie maison et un bébé, il préfère encore la solitude quitte à retomber dans ses crises d’angoisse.  Finira-t-il seul ?
“C’est l’histoire d’un photographe fatigué, d’une fille patiente, d’horreurs banales et d’un chat pénible”, écrit Larcenet
L'histoire est celle d'un homme plutôt banal,  un peu solitaire qui a des crises d'angoisse qu'il n'arrive pas toujours à surmonter..Il n'aime pas prendre de décisions.
L'ensemble est mélancolique et drôle, doux amer en somme.


 Le dessin est net, minimaliste et caricatural à la fois, avec des paysages campagnards très réalistes et minutieux, par contraste avec les intérieurs presque vides. les couleurs sont vives et sans nuances. 
Une lecture très agréable.
Participent à ces BD du mercredi de Mango: Emmyne, Valérie, Kikine, Manu, Mathilde, Dolly et peut-être d'autres encore...
Le combat ordinaire de Manu Larcenet (Dargaud, 2003, 54 p, ) le prix du Festival d'Angoulème en 2004




Ce billet est le premier du challenge BD pour lequel je me suis engagée à  lire 10  albums en 12 mois. Avec "Une BD chaque mercredi",  je devrais y arriver!
**Fleur**  a déjà parlé aussi de cette série et en a fait un coup de cœur