mardi 19 août 2014

Suis-je snob? Virginia Woolf

Suis-je snob? s’interroge malicieusement  Virginia  Woolf, dans une des conférences  données à la fin des années trente devant ses amis du Memoir Club. La réponse est positive, bien sûr, son but avoué  étant de faire rire ses amis!

 Selon le traducteur qui préface  les huit essais  réunis dans ce livre des éditions de Rivages poche, le snobisme  à cette époque de l’entre deux guerres «désignait la fascination des bourgeois pour la noblesse au sens strict,  pour les aristocrates de sang, riches ou pauvres.» Pour Virginia cependant, ce qui la fascine chez les snobs, ce n’est pas tant leur supériorité sociale que  l’image de leur position  définitivement assurée dans le monde, quoi qu’ils fassent.

Pour répondre à la question: «Qu’est-ce qu’un snob?» Virginia prend deux contre-exemples parmi l’assemblée : Desmond ( MacCarthy) et  (John) Maynard (Keynes). Pourquoi ne sont-ils pas snobs bien que sortis de Eton et Cambridge, avec toutes les qualités qui en découlent?  Parce qu’ils ne se vantent jamais de leurs très hautes fréquentations, l’un  avec le roi George en personne, l’autre avec «ce pauvre vieux Baldwin» alors Premier Ministre.  Tandis qu’elle,  oui,  elle reconnaît en elle ce symptôme qui consiste à toujours laisser dans la pile de papiers,  au-dessus de tous les autres,  la lettre qui porte une couronne. Affaire de vanité en somme! 
       «L’essence du snobisme est de chercher à faire une forte impression sur les autres. Un snob est une créature au cerveau papillonnant»
       Et de donner alors des exemples de son comportement de snob depuis sa toute petite enfance. Elle veut des couronnes!
      «Mais il faut que ce soit de vieilles couronnes, des couronnes qui portent avec elles des terres et des maisons de campagne … »
       Plus loin elle reconnaît qu’elle  est aussi une «snob à salons illuminés, une snob des fêtes de bonne société.»

      Les exemples qu’elle donne ensuite pour le prouver sont savoureux et merveilleusement surannés. Il y est question pour finir d’Henry James et c’est tout simplement délicieux! 

Suis-je snob?  et autres textes baths, Virginia Woolf
(La valeur du rire -  La nièce d'un comte -  Brummel le Beau - La robe neuve -  Un soir dans le Sussex. Réflexions dans une automobile - La mort du papillon.)

présentés et traduits de l'anglais par Maxime Rovere
(Rivages poche, Petite Bibliothèque, 176 p.)

8 commentaires:

  1. Si c'est délicieux, c'est noté ! J'aime bien la photo de couverture, très différente de l'image dépressive de Woolf.Tiens ça me donne envie de rerevoir le film Les heures ! :)

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  2. Ouh là mais c'est complètement ce que j'aime, les essais (ou autres) de la dame. (hum, j'ai aussi des nouvelles d'elle à lire)

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  3. J'ai honte de l'avouer mais je n'ai jamais rien lu de la dame malgré que j'ai la promenade au phare dans ma pile. Mais je ne sais pas, quelque chose me retient.

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  4. Oh, je ne connais pas ce texte, mais je sens que je vais adorer !

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  5. voilà un livre qui m'intéresse - je note :)
    bien que j'aimerais le lire en VO

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  6. toujours un plaisir de retrouver cette grande dame

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  7. J'aime beaucoup Virginia Woolf mais j'ai toujours hésité à me procurer celui-ci qui me rappelle un autre titre d'elle paru chez le même éditeur : "La maladie" qui m'avait assez déçue pour son manque de contenu (je n'en ai d'ailleurs jamais parlé sur mon blog).
    Je pense que je le lirai en dernier :)

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  8. Depuis le temps qu'il traîne dans mon étagère attendant d'être lu, il va falloir que je m'y mette! J'entends beaucoup parler de l'humour de V. Woolf.

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