C'est après ma lecture de Maylis de Kerangal : "Réparer les vivants" que je suis tombée sur l'article de Pierre Assouline du 25 mai sur son blog: Kerangal, Amalric et la note juste et c'est dans les commentaires que j'ai découvert ces poèmes de Jean Calbrix à partir du calligramme d'Apollinaire sur la pluie. J'ai aimé.
Les mots commençant les vers de ce sonnet forment le premier vers d’un calligramme d’Apollinaire disposé comme des gouttes de pluie qui tombent.
PLEUT le regret d’icelle en cette chambre mauve,
DES mots doux susurrés dans le fond de l’alcôve,
VOIX éteinte à jamais dont je ne me délivre.
DE l’amour, je n’avais connu que froid de givre,
FEMMES à manigance, à chicane de fauve
COMME cherchant des poux sur une tête chauve.
SI le sort s’acharnait, pouvais-je encore poursuivre ?
FEMMES à manigance, à chicane de fauve
COMME cherchant des poux sur une tête chauve.
SI le sort s’acharnait, pouvais-je encore poursuivre ?
ELLES sont enfin là, ces heures d’espoir. Elles
ÉTAIENT fluides, concert pour violoncelles.
MORTES étaient ici mes frayeurs et mes craintes.
ÉTAIENT fluides, concert pour violoncelles.
MORTES étaient ici mes frayeurs et mes craintes.
MÊME pour le plus beau, vient la fin qu’on redoute.
DANS le mois qui suivit, elle reprit sa route,
LE SOUVENIR d’icelle, arrache encore mes plaintes.
DANS le mois qui suivit, elle reprit sa route,
LE SOUVENIR d’icelle, arrache encore mes plaintes.
Il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes même dans le souvenir
C’est vous aussi qu’il pleut merveilleuses rencontres de ma vie ô gouttelettes
Et ces nuages cabrés se prennent à hennir tout un univers de villes auriculaires
Écoute s’il pleut tandis que le regret et le dédain pleurent une ancienne musique
Ecoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas
C’est vous aussi qu’il pleut merveilleuses rencontres de ma vie ô gouttelettes
Et ces nuages cabrés se prennent à hennir tout un univers de villes auriculaires
Écoute s’il pleut tandis que le regret et le dédain pleurent une ancienne musique
Ecoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas
Un sonnet acrostiché avec le troisième vers du calligramme d’Apollinaire utilisé hier (le deuxième vers ne comporte que douze mots : C’est vous aussi qu’il pleut merveilleuses rencontres ô gouttelettes).
ET les jours et le nuits s’enchaînent monotones,
CES tempêtes, ces cris, sont loin dans le passé,
NUAGES noirs et lourds, fuyant un ciel lassé,
CABRÉ comme un oubli dans de tristes automnes.
CES tempêtes, ces cris, sont loin dans le passé,
NUAGES noirs et lourds, fuyant un ciel lassé,
CABRÉ comme un oubli dans de tristes automnes.
SE peut-il que des gens dans leurs destins atones
PRENNENT cet aspect gris, celui du trépassé ?
À tout prendre et pour fuir l’éternel ressassé,
HENNIR dans la fureur, des tonnes et des tonnes.
PRENNENT cet aspect gris, celui du trépassé ?
À tout prendre et pour fuir l’éternel ressassé,
HENNIR dans la fureur, des tonnes et des tonnes.
TOUT mouvement est bon plutôt que le sommeil,
UN trip par monts et vaux pour rester en éveil,
UNIVERS est sans borne à toutes les audaces.
UN trip par monts et vaux pour rester en éveil,
UNIVERS est sans borne à toutes les audaces.
DE l’agitation pour notre grand bonheur.
VILLES, accueillez-nous dans la foule des places
AURICULAIRES, oui, pour parler à son coeur.
VILLES, accueillez-nous dans la foule des places
AURICULAIRES, oui, pour parler à son coeur.
Jean Calbrix, le 27/05/14 (né à Rouen le 1er janvier 1940) est un auteur français de romans policiers. Il a été professeur de mathématiques à l'Université de Rouen.
Ses romans mettent en scène le commissaire Shura de la police judiciaire d'Yvetot.(W)
De très beaux textes. Merci pour ce partage.
RépondreSupprimerépatant, merci mango - j'adore les calligrammes et apollinaire :)
RépondreSupprimerJe connais le principe des calligrammes mais en ai croisé trop peu ! Merci :)
RépondreSupprimerC'est mélodieux. Plaisir des mots et des images.
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