mardi 24 juin 2014

La passion de Jeanette Winterson

Je vous raconte des histoires, faites-moi confiance.
Comment nous remettrions-nous d’une telle merveille ?
En oubliant. Nous sommes incapables de garder trop de  choses présentes à l’esprit.
Seul existe le présent, et non les souvenirs. (p 65)

«L’Empereur» et «La Dame de Pique», ainsi se nomment les deux premières parties de ce second roman de Jeanette Winterson,  l’une des grandes romancières anglaises du moment. D’un côté, Napoléon, son Empire,  ses folies guerrières, sa passion du commandement, de l’autre, Venise et ses amours nocturnes, androgynes, cachés, masqués, interdits.    La passion est celle que vivent deux êtres étranges dans cette Europe dévastée par les guerres napoléoniennes, entre les incendies, la neige et les milliers de morts de la Retraite de  Russie et le jeu, les masques et les folies des nuits vénitiennes de cette époque. Ce livre n’est cependant pas un roman historique,  mais davantage une histoire fabuleuse  d’amour fou, infiniment réaliste et mystérieusement romantique à la fois.
Henri, le tout jeune cuisinier attitré de l’Empereur, subjugué par lui avant de le haïr  au milieu des  incendies et de la peste qui dévastent tout Moscou , tombe   éperdument amoureux de  Villanelle, la fille d’un batelier vénitien, née avec des pieds palmés,  elle-même follement éprise de la mystérieuse Dame de Pique qui lui a volé son cœur. Elle n’aura de cesse de la poursuivre avec Henri, son amoureux transi, pour récupérer ce cœur injustement volé. 
Le résumé trahit la complexité mais aussi la beauté de l’histoire, pleine de péripéties et de rêve où s’entremêlent passion, jeu, folie, travestissement, androgynie, mythe, références historiques et littéraires puisque selon l’éditeur ce récit est un hommage à ceux d’Oscar Wilde et de Virginia Woolf.  Quoi qu’il en soit , c’est un roman que j’aime beaucoup et qui m’incite à poursuivre ma découverte de  Jeanette Winterson,peut-être avec son autobiographie: Pourquoi être heureux quand on peut être normal?  

J’ignorais ce qu’était la haine, la haine qui suit l’amour. C’est un sentiment sans fond, désespéré, et qui n’attend qu’un démenti. Et chaque fois qu’elle se justifie, elle devient un peu plus monstrueuse. Si l’amour était passion, la haine sera obsession. Un besoin de voir l’être jadis aimé impuissant, vaincu et pitoyable. Si le dégoût est proche, la dignité est loin. La haine ne s’exerce pas seulement contre l’aimé, elle s’exerce aussi contre vous; comment avez-vous pu jamais l’aimer?  (p. 115)
La passion, Jeanette Winterson
(éditions de l'Olivier, 2013, 214 p.)
Traduit de l'anglais par Isabelle D. Philippe,( 1987)

Nouvelle participation au mois anglais de Lou, Cryssilda et Titine. 

4 commentaires:

  1. Je n'avais pas du tout aimé son autobiographie. Mais sans doute que ses romans sont meilleurs.

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  2. J'ai prévu de lire "Pourquoi être heureux quand on peut-être normal" pour le mois anglais (mais en aurais je le temps ??) S'il me plait je lirais certainement d'autres choses de l'auteur, dont celui là.

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  3. J'ai énormément aimé Pourquoi être heureux... mais rien lu d'autre de l'auteure pour l'instant.

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  4. Pourquoi être heureux quand on peut être normal fut un de mes coups de cœur jamais chroniqué. (presque envie de le relire en écrivant ce commentaire) Je note ce titre car je veux découvrir tout ce que fait l'auteur.

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