dimanche 22 décembre 2013

Si on me laissait faire, poème inédit de Guillaume Apollinaire

Ô Temps, Ô seul chemin d’un point à l’autre
Si on me laissait faire j’aurais vite changé
Le cœur des hommes et partout il n’y aurait plus
          Que de belles choses

Au lieu de fronts courbés au lieu de pénitences
Au lieu de désespoir et des prières il y aurait partout
Les reliquaires les ciboires les ostensoirs
Étincelant au fond des rêveries comme ces
Divinités antiques dont le rôle poétique
          Est près d’être terminé.



Si on me laissait faire j’achèterais
Les oiseaux captifs pour leur rendre la liberté
Je les verrai avec une joie sans mélange
Prendre leur vol et n’avoir pas même l’idée
D’une vertu nommée reconnaissance
          A moins que ce ne soit gratitude.

Poèmes inédits, Guillaume Apollinaire
(Sur une feuille de papier de la Villa Molière où Apollinaire fut trépané en 1916 et hospitalisé en janvier-mars 1918.)
Participation aux Dimanches poétiques chez Fattorius

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