vendredi 13 mai 2011

La dernière heure du dernier jour, Jordi Soler,

«Moi, Marianne, je voulais la voir morte. Je voulais qu’elle meure, ou que quelqu’un ou quelque chose la tue parce que je n’avais ni le courage ni la force de le faire. Je voulais que disparaisse cette femme  qui frappait maman au point de l’étendre par terre, la bouche en sang. C’est ce que je voulais, jusqu’au jour où cela arriva vraiment.»
 C’est ainsi, en fanfare, que  démarre ce roman aux aventures loufoques et dramatiques à la fois et au style ébouriffant dont les phrases d’une longueur insolite rappellent celles de Proust pour leur magnificence et leur efficacité poétique. Le lecteur est tout de suite au cœur de l’action. Cette Marianne est en effet  le malheur d’une famille  espagnole exilée au Mexique pour fuir le régime de Franco. C’est la tante du narrateur, devenue si folle furieuse  vers trois ans, après une méningite que, pour se protéger de sa force criminelle, on est obligé de l’attacher  par un licol à son fauteuil à bascule, gardée en permanence par un domestique indien qui la protège et la nourrit.  La fin est horrible et bien  dans la lignée de «Cent ans de solitude»  entre  tragique et  flamboyance. Derrière cette destinée familiale ce sont tous les désirs et les espoirs déçus des immigrés catalans  sur une terre mexicaine plus étrangère et impitoyable qu’ils  ne l’imaginaient.  Cependant l'auteur refuse cette comparaison avec Gabriel Garcia Marquez dans une interview de La lettrine : "La comparaison avec Garcia Marquez est bien trop grande pour moi, mais en fait je n’en suis pas fier parce que mon roman ne ressemble pas au sien. Le lieu de l’action ressemble au sien puisque la jungle est la même partout mais nos romans ne sont pas les mêmes. Lui, il fait du réalisme magique et moi je fais du réalisme."
 J’ai trouvé ce récit magnifique. J’imagine que Ys qui lit tellement de romans latino-américains  l’aura lu aussi ou s’apprête à le lire. Dommage que je ne puisse le connaître qu’à travers une traduction, peut-être excellente d’ailleurs, mais je suppose qu’un style si luxuriant doit perdre beaucoup à ne pas être lu en VO. Un bon moment de lecture cependant.  

 La dernière heure du dernier jour, Jordi Soler,  traduit de l’espagnol (Mexique) par Jean-Marie Saint-Lu, Belfond, 2008, 221 p. Autre avis: Anne Sophie
L'auteur: "Ecrivain, journaliste et critique de rock, Jordi Soler collabore aux plus importantes publications mexicaines et espagnoles (La Jornada, Reforma, El Pais, Letras Libres). Il a été attaché culturel en Irlande de 2000 à 2003, avant de s'installer à Barcelone où il vit actuellement." (Wikipedia)
Trois romans à son actif pour l'instant:
Les Exilés de la mémoire, 2007
La dernière heure du dernier jour, 2008
La fête de l'ours, 2011

24 commentaires:

  1. Je ne connais pas du tout les romans latinos-américains, et encore moins cet auteur. J'ai donc très envie de m'y intéresser. Un livre que je note et qui va vite se retrouver dans ma bibliothèque.

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  2. Je n'ai pas particulièrement remarqué ce roman, je le note.

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  3. dimitri, un livre plein de surprises.

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  4. Aifelle, On en a peu parlé sur les blogs. Il semble être passé inaperçu. Il est pourtant plein de promesses.

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  5. Voilà une critique qui donne envie!!!!!!

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  6. Oh non, trop de romans à noter, à lire ! Je connais assez peu la littérature d'amérique latine et j'ai du mal à m'en sortir dans tous les auteurs que Ys suggère et maintenant toi qui en rajoute (je sais que Ys a proposé un autre roman de cet auteur)

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  7. Ah la la, mince mince mince ! Celui-là est son 2e paru en France, j'ai lu le 1er (sur son père) et le 3e (sur son oncle) : je sais donc ce qu'il me reste à faire !

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  8. En effet l' écriture semble très forte, je suis attrapée dès les premières lignes avec cette belle prolepse!

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  9. J'avais repéré le premier roman de Soler, chez Ys je pense, j'ai l'impression que la suite vaut la peine aussi, pour moi un auteur à découvrir

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  10. Je suis toute dépaysée quand j'entre dans ton blog. Je ne le reconnais pas! Tu as fait le grand changement du printemps?

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  11. Il ya longtemps que je voudrais lire Garcia-Marquez; pourquoi pas commencer par cet auteur qui lui ressemble? Ce que tu en dis est très tentant.

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  12. C'est déjà la 3ème roman de cet auteur dont je possède le 1er ouvrage traduit, "Les exilés de la mémoire" ... Je sais que ce sont des livres sur son histoire familiale au Mexique, ayant fui le franquisme, mais c'est tout ! Si tu dis que le style est flamboyant, cela me donne encore plus envie d'ouvrir celui que j'ai pour le découvrir. Et de continuer par les suivants ;-D

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  13. Garcia Marquez est un auteur vraiment intéressant.

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  14. Manu, C'est justement parce que Ys s'est mise à relancer ces auteurs sud-américains que j'ai envie d'en lire davantage car on ne peut vraiment pas dire que j'en connaisse beaucoup.

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  15. Ys,c'est vraiment pas mal, je trouve. Il a de l'imagination et du style et sait se servir au mieux de ses souvenirs!

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  16. orfeenix, justement j'ai eu envie de poursuivre ma lecture dès ces premières phrases! Il sait retenir l'attention de son lecteur.

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  17. Dominique, je ne crois pas non plus que je le connaisse bien, je vais continuer à le découvrir.

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  18. claudialucia ma librairie,j'ai brusquement eu envie de tout alléger mais ce n'est sans doute qu'un essai et ça changera sûrement encore. C'est si facile maintenant!

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  19. dominique, j'ai eu tendance à penser à Gracia Marquez en le lisant mais lui s'en défend. Il dit être plus réaliste pur et moins magique que celui-ci. A voir!

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  20. Nanne, ce qui m'étonne et me séduit aussi avec ces auteurs de l'Amérique du Sud, c'est qu'il semble leur être arrivé les choses les plus extravagantes qui soient! Réalité ou imagination, je ne sais jamais exactement dans quelle mesure mais ça me surprend toujours.

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  21. Jean Christophe Bataille,excellent auteur, vraiment.

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  22. J'ai lu son dernier roman, La fête de l'ours, c'était une découverte pour moi et j'avoue que cet auteur m'a complètement embarquée dans son univers !

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  23. Je rêve d'abord de prendre le temps de lire ces fameux 100 ans de solitude. Je ne connais rien à la littérature sud latino alors si je m'y mets, je commencerais par les incontournable.

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