lundi 6 juillet 2009

Tchaïkovski par Nina Berberova


J’aime lire les biographies d’artistes surtout quand elles sont elles-mêmes écrites par de grands auteurs.

C’est le cas ici avec Nina Berberova qui s’est penchée, dans les années trente, sur la vie de Piotr Illitch Tchaïkovski, profitant d’une documentation abondante sur le musicien et son temps : mémoires, correspondance, journaux intimes. Un demi-siècle plus tard, les éditions Actes Sud ont ressorti ce récit avec une importante préface de l’auteur où elle explique ses rencontres avec les témoins encore vivants ayant bien connu Tchaïkovski.

Son livre se lit comme un roman. Elle s’attarde davantage sur l’homme profondément malheureux et solitaire qu’il était que sur le musicien qui eut tant de mal à s’imposer dans sa propre patrie !

Elle insiste sur sa naissance en 1840 et son enfance heureuse, dans une famille nombreuse et bourgeoise, jusqu’à la disparition de sa mère morte trop tôt du choléra, comme lui, qui décéda à Saint-Pétersbourg en 1893, pour avoir bu de l’eau non bouillie de la Néva.

Elle dévoila la première ce que tout le monde dissimulait par convenance : l’homosexualité de l’homme et les circonstances de sa mort. Pour tenter de vivre une vie normale et sans doute aussi pour éviter la déportation alors en vigueur, il se maria mais cette union tourna vite au désastre et il dut entretenir sa femme même après la séparation. Comme il était très pauvre, ayant choisi de ne vivre que de sa musique, il accepta, treize ans durant, une pension d’une mécène aisée, Mme Von Meck, qui l’aimait sans jamais le voir et qui lui écrivait sans cesse, jusqu’à ce qu’elle découvre sa particularité

Devenu célèbre et voyageant dans toute l’Europe, à la fin de sa vie, il devenait de plus en plus malheureux si bien que nombreuses furent les personnes qui prétendirent qu’il s’était suicidé. Il avait déjà tenté de se noyer au moment de son mariage, mais selon Berberova, rien n’est cependant moins sûr ; Ayant retrouvé des témoins de sa longue agonie, elle décrit très précisément les différentes étapes de ses derniers moments.

Les œuvres du musicien ne sont pas oubliées mais ce livre n’est pas une étude musicale, c’est avant tout une biographie précise et détaillée sans jamais être ennuyeuse, qui essaie de lever le masque que ne quittait jamais Tchaïkovski selon ses contemporains. Ainsi, interrogé par Nina Berberova, Rachmaninov le décrivait comme quelqu’un conservant en permanence sur le visage, une expression de candeur, toujours aimable avec tout le monde, comme s’il était hanté par la peur de déplaire.

Devenu depuis le compositeur russe le plus populaire, sa vie douloureuse inspira le cinéaste Ken Russel qui en fit un film en 1970 : The music lovers De son côté, en 1935, Klaus Mann, écrivit un roman sur le compositeur : La Symphonie pathétique

Tchaïkovski par Nina Berberova

(Actes Sud, 1987, 219 pages) (Version française de l'auteur)

20 commentaires:

  1. Je suis impressionné par toutes ces lectures

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  2. Connais pas du tout ce livre??? En fait ce n'est pas une "nouveauté". mais Berberova et Tchaikovsky, voilà deux personnages intéressants!

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  3. Lung Ta Zen, Et moi je suis impressionnée par tous vos articles! Je vais prendre le temps de les lire tous!

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  4. Keisha, livre pas tout jeune en effet, mais pas moins plaisant pour autant! Je ne connaissais pas la vie de ce musicien et je n'ai pas trouvé à la bibli d'autres biographies sur lui. Celle-là est très bien!

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  5. Je lis peu, pour ne pas dire jamais, de biographies mais celle-ci pourrait me plaire...

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  6. Kathel, Quand elles ne se perdent pas dans trop de détails, certaines biographies me semblent aussi intéressantes que des romans. Celle-ci est d'une grande qualité littéraire!

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  7. Je pensais avoir lu à peu près toute l'oeuvre de Berbérova mais pas ce livre, je vais essayer de me le procurer, c'est une bonne occasion de retrouver cette auteure qui a elle aussi un destin bien particulier, son autobiographie est un peu difficile à lire mais quelle femme, c'est Hubert Nyssen qui l'a découverte et qui l'a publiée en France. Je suis contente de pouvoir discuter un peu de cette auteure grâce à ton article.

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  8. Je n'ai jamais lu Berberova, mais Tchaïkovski m'a procuré des heures de bonheur inoubliables. Si en plus il a eu un destin tragique, c'est pour moi !

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  9. Nina, Nina Berberova écrit vraiment bien et je voudrais mieux la connaître encore. J'ai peu lu ses livres! J'ai cherché sur ton blog des billets sur elle mais je n'ai rien trouvé.
    HS: (Ton pseudo est son prénom! Est-ce une simple coïncidence?)

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  10. Lilly, je ne m'attendais pas non plus à lire à son sujet une vie aussi tourmentée et douloureuse même et peut-être surtout quand il devint célèbre!

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  11. J'ai lu plusieurs Berberova, mais pas celui-ci. Comme j'aime son écriture, je le note.

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  12. Françoise, j'aimerais bien aussi lire sa propre biographie: "C'est moi qui souligne", ce doit être également intéressant!

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  13. ça me tente bien, un de mes compositeurs favoris

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  14. celsmoon; je l'aime beaucoup aussi.

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  15. J'ai lu "c'est moi qui souligne" c'est passionnant, çà peut être aussi une bonne introduction à son oeuvre (c'est moi Françoise, tu m'as reconnue ?)

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  16. Aifelle, oui, oui, j'ai deviné, ce sont tes initiales, sans doute, non? mais avant, je n'aurais pas deviné! C'est joli écrit comme ça!

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  17. J'aime bien les biographies, et celle-ci me fait envie. ;)

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  18. Lectiole, celle-ci est particulièrement réussie!

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  19. Merci pour cette référence, Mango! Cela me donne une excellente occasion de relire une auteur depuis longtemps délaissée

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  20. C'est vrai que c'est une grand dame dont l'oeuvre mériterait d'être mieux connue!

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