lundi 3 septembre 2012

Je ne mourrai pas tout entier, Serge Koster

Présentation de l'éditeur: Souvenirs mêlés, racontés dans le désordre, comme ils viennent, regrets, remords, joies, deuils et, au-delà de tout, le bonheur d'écrire, le désir irrépressible de tout dire: Je ne mourrai pas tout entier est de ces livres testamentaires qui, malgré la sombre lumière qui les baigne, sont les plus vibrants éloges de la vie. On y retrouve, l'intime et le public interférant sans cesse, aussi bien une histoire familiale tragiquement marquée par la Seconde Guerre mondiale que les obsessions amoureuses, les joies et les échecs de la carrière littéraire que les rencontres d'écrivains, d'artistes comme Francis Ponge, Graham Greene, Michel Tournier, Claude Lanzmann ou Bernard Giraudeau.

Je le dis tout net: j’ai adoré ce livre!  Voilà deux jours qu’il ne me quitte plus. Enfermée dans le silence sous prétexte d’un mal de dent qui m’exclut de toute compagnie,  j’en ai profité pour dévorer les chapitres de ce que Serge Koster a bien voulu retenir de sa vie d’enfant juif né en 1940,  mais français avant tout par amour de la langue  qu’il a enseignée et défendue tour à tour.
L’auteur commence par ses funérailles et termine devant des acras et un punch coco savourés avec la femme de sa vie, à la Rhumerie de Saint-Germain-des-Prés,  comme si nous avions l'éternité pour nous. 
Entre ces  moments forts que sont la mort, la vie,  la postérité, circulent  ses souvenirs qui,  pour mon plus grand intérêt, se révèlent essentiellement littéraires.
 C'est un livre d'une sincérité étonnante, violente même, sur lui, sa vie, ses maladies, ses maladresses aussi avec les autres écrivains ou éditeurs qu'il a côtoyés, sur ses lectures, les auteurs qui font partie de sa vie. On ne s'ennuie pas une minute à lire  cette succession d' anecdotes et de  réflexions croustillantes,  inattendues et savoureuses sur le milieu littéraire et journalistique, parisien pour l'essentiel.
Quelques-uns de mes titres de chapitres préférés:  Francis Ponge placé en abîme,   Petit corps malade, Ce que j'ai connu de Bernard Giraudeau,   L'amitié avec Tournier. Éloge de l'égocritique.
D'où me vient le goût d'écrire? De l'enfance. De l'insuffisance du sentiment d'exister. De la pénurie de caresses. Mais encore, d'où vous vient le goût d'écrire? Du désir de naître, de se faire connaître, reconnaître, renaître, être né. Et de ne pas mourir tout entier. (p.69)
Son quartette fondateur? Ponge, Proust, Léautaud, Racine, mais  "à son plus haut éclat, la prose française est portée par cinq auteurs: Montaigne, Saint-Simon, Rousseau, Chateaubriand, Proust, qui sont aussi, chacun selon sa mode, les champions du moi."
Cependant, plus que les remarques sur la littérature, ce sont les récits de ses rencontres avec les auteurs connus ou pas, les inquiétudes lancinantes et les angoisses sur  le corps qui faiblit et se fait douloureux, sur  la fin qui approche et la façon dont se jouera le dernier acte, toutes ces interrogations sur l'inévitable à venir  c'est tout cela qui m'a passionnée. C'est écrit dans une langue des plus classiques, claire et simple comme j'aime. Bref c'est un livre que je voudrais lire et relire, un vrai  livre de chevet.
Qui est Serge Koster? 
Auteur d’une quinzaine de romans ainsi que d’un ouvrage couronné par l’Académie française où il défend la grammaire, il a écrit aussi sur Francis Ponge, Michel Tournier  et a traduit Catulle et Martial. Il est aussi passé deux fois à Apostrophes chez Pivot et  a travaillé comme critique à la Quinzaine littéraire et à France Culture. Chaque année, depuis plus de vingt  ans,  il anime  le Printemps des livres de Cassis avec Antoine Spire,  journaliste à La Vie et au Monde. 
Bien entendu ceci n’est qu’un résumé beaucoup trop bref de ses activités mais  le livre est là pour mieux le découvrir. Moi, je l'ai aimé malgré les défauts qu'il semble s'amuser à accumuler sur sa tête. 
En ont déjà parlé : Yann Moix, David Foenkinos, 
Je ne mourrai pas tout entier de Serge Koster,  (Editeur: Léo Scheer, mars 2012, 280 pages )
Première participation au Challenge de Métaphore

16 commentaires:

  1. je l'ai repéré celui là et attends de mettre la main dessus
    je partage son amour des écrivains du "moi"

    RépondreSupprimer
  2. Repéré aussi, j'en étais curieuse. Ton billet répond à toutes les questions !
    (emmyne )

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je craignais d'être déçue aussi parce que j'en ai lu quelques-uns de ce genre, sans grand enthousiasme finalement, au contraire de celui-ci.

      Supprimer
  3. Un vrai sujet de "chevet" de fait... Encore une fois, tu me donnes envie de découvrir un livre et un auteur ;) Bonne semaine !

    RépondreSupprimer
  4. Un livre qui peut m'intéresser, mais peut-être pas en priorité. Je verrai ..

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il peut te plaire en effet, je crois, comme il peut aussi agacer par moments.

      Supprimer
  5. Ton enthousiasme me plait! Un inconnu pour moi, mais je sens qu'il ferait mieux de ne plus l'être! ^_^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis à peu près sûre qu'il pourrait t'intéresser aussi.

      Supprimer
  6. Dois-je dire "vive le mal aux dents" ? qui t'offre deux jours de lecture tranquille .. ;-) il pourrait m'intéresser celui-là, je le note.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, je crois que tu pourrais en aimer la lecture.

      Supprimer
  7. Tu es sûr que le titre n'est pas plutôt "Je ne mourrai pas gibier" ?!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce n'est pas le même livre, du tout! Ceci dit je n'ai pas lu celui dont tu parles et dont une BD a été tirée!

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.