Suis-je snob? s’interroge malicieusement Virginia
Woolf, dans une des conférences
données à la fin des années trente devant ses amis du Memoir Club. La
réponse est positive, bien sûr, son but avoué
étant de faire rire ses amis!
Selon le traducteur
qui préface les huit essais réunis dans ce livre des éditions de Rivages
poche, le snobisme à cette époque de
l’entre deux guerres «désignait la fascination des bourgeois pour la
noblesse au sens strict, pour les aristocrates de sang, riches ou
pauvres.» Pour Virginia cependant, ce qui la fascine chez les snobs, ce
n’est pas tant leur supériorité sociale que
l’image de leur position
définitivement assurée dans le monde, quoi qu’ils fassent.
Pour répondre à la question: «Qu’est-ce qu’un snob?» Virginia prend deux contre-exemples parmi l’assemblée : Desmond (
MacCarthy) et (John) Maynard (Keynes).
Pourquoi ne sont-ils pas snobs bien que sortis de Eton et Cambridge, avec
toutes les qualités qui en découlent? Parce qu’ils ne se vantent jamais de leurs très hautes
fréquentations, l’un avec le roi George
en personne, l’autre avec «ce pauvre vieux Baldwin» alors Premier
Ministre. Tandis qu’elle, oui, elle reconnaît en elle ce symptôme qui
consiste à toujours laisser dans la pile de papiers, au-dessus de tous les
autres, la lettre qui porte une couronne. Affaire de vanité en somme!
«L’essence du snobisme est de chercher à faire une forte impression sur les autres. Un snob est une créature au cerveau papillonnant»
Et de donner alors des exemples de son comportement de snob
depuis sa toute petite enfance. Elle veut des couronnes!
«Mais il faut que ce soit de vieilles couronnes, des couronnes qui portent avec elles des terres et des maisons de campagne … »
Plus loin elle reconnaît qu’elle est aussi une «snob à salons illuminés, une snob des fêtes de
bonne société.»
Les exemples qu’elle donne ensuite pour le prouver sont
savoureux et merveilleusement surannés. Il y est question pour finir d’Henry
James et c’est tout simplement délicieux!
Suis-je snob? et autres textes baths, Virginia Woolf
(La valeur du rire - La nièce d'un comte - Brummel le Beau - La robe neuve - Un soir dans le Sussex. Réflexions dans une automobile - La mort du papillon.)
(La valeur du rire - La nièce d'un comte - Brummel le Beau - La robe neuve - Un soir dans le Sussex. Réflexions dans une automobile - La mort du papillon.)
présentés et traduits de l'anglais par Maxime Rovere
(Rivages poche, Petite Bibliothèque, 176 p.)
Si c'est délicieux, c'est noté ! J'aime bien la photo de couverture, très différente de l'image dépressive de Woolf.Tiens ça me donne envie de rerevoir le film Les heures ! :)
RépondreSupprimerOuh là mais c'est complètement ce que j'aime, les essais (ou autres) de la dame. (hum, j'ai aussi des nouvelles d'elle à lire)
RépondreSupprimerJ'ai honte de l'avouer mais je n'ai jamais rien lu de la dame malgré que j'ai la promenade au phare dans ma pile. Mais je ne sais pas, quelque chose me retient.
RépondreSupprimerOh, je ne connais pas ce texte, mais je sens que je vais adorer !
RépondreSupprimervoilà un livre qui m'intéresse - je note :)
RépondreSupprimerbien que j'aimerais le lire en VO
toujours un plaisir de retrouver cette grande dame
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup Virginia Woolf mais j'ai toujours hésité à me procurer celui-ci qui me rappelle un autre titre d'elle paru chez le même éditeur : "La maladie" qui m'avait assez déçue pour son manque de contenu (je n'en ai d'ailleurs jamais parlé sur mon blog).
RépondreSupprimerJe pense que je le lirai en dernier :)
Depuis le temps qu'il traîne dans mon étagère attendant d'être lu, il va falloir que je m'y mette! J'entends beaucoup parler de l'humour de V. Woolf.
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