vendredi 11 janvier 2013

Le bain du bébé dans Monteriano de E.M. Forster


 Le bain du bébé (suite du billet précédent sur Monteriano  de Forster, billet à lire de préférence) 

- Il me faudrait une serviette bien douce maintenant, dit Miss Abbott, que son service exaltait étrangement.
- Voilà ! voilà !
Sans hésiter, il courut au placard. Mais où diable trouver une serviette douce ? Il bouchonnait d’habitude l’enfant avec le premier objet sec venu.
-  Et si vous aviez un peu de poudre…
Il se frappa désespérément le front. On avait juste épuisé la réserve de poudre, semblait-il.
Elle sacrifia son propre mouchoir blanc. Gino disposa pour la jeune fille un siège dans la loggia, qui, orientée vers l’ouest,  restait agréablement fraîche. Quand elle fut assise, détachée sur le fond du paysage – trente kilomètres de paysage -  Gino posa sur ses genoux le bébé ruisselant. Il rayonnait de santé et de grâce et reflétait le jour comme un vase de cuivre. C’est un enfant semblable que Bellini couche, languissant, sur les genoux de sa mère, que Signorelli jette frétillant sur un pavé de marbre, que Lorenzo di Credi, moins divin, plus respectueux, dépose avec soin dans les fleurs, la tête  sur une poignée de paille dorée. Gino, un instant, resta debout à contempler. Puis, pour mieux voir, il s’agenouilla tout près de la chaise, les mains jointes.
Tel est le groupe que Philippe vit en entrant et qu’il prit à tous égards, pour la Vierge, l’Enfant et le Donateur. 
Monteriano de E.M. Forster, (Le bruit du temps), P.166

Luca Signorelli: Madonna et enfant, 1505

Lorenzo di Credi
Bellini, Madonna del Prato, 1505 environ, National Gallery, Londres.

2 commentaires:

  1. très joli billet, et j'aime beaucoup forster, je vais donc noter :)

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  2. Moi aussi, je note, je crois que celui-là, je ne l'ai pas lu !

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