mardi 26 février 2013

La bûche de Maupassant a voyagé au bout de la nuit



Tout est bon à prendre quand on aime et, réveillée vers six heures ce matin, je suis tombée sur la lecture d’une nouvelle de Maupassant par Louise Pasteau sur la 8 dans l’émission «Au bout de la nuit», récemment renouvelée et rajeunie -  oh, à peine! -   (Difficile de ne faire que de la lecture à la télé!  C’est pourtant ce que je préfère à cette heure si matinale puisque j’écoute sans regarder et que c’est plus facile et agréable de laisser faire le hasard.)

Il s'agissait de  La Bûche de Maupassant, dans Contes et Nouvelles avec entre autres Mademoiselle Fifi
Un célibataire, en visite dans  le salon cossu d'une amie d'un certain âge, lui donne la raison de son célibat. C'est une bûche enflammée, roulant hors de la cheminée, qui a déclenché son récit. Son but? Démontrer la perversité des femmes,  en particulier celle de son ex meilleur ami.

Le problème avec les nouvelles, c'est que je les oublie très vite. J'ai lu plusieurs fois ce très court récit   mais une fois encore je ne m'en souvenais que vaguement. L'histoire se réduit à peu de choses, c'est l'enrobage qui est beau. 
En voici le début - La suite est partout sur le net.



Le salon était petit, tout enveloppé de teintures épaisses, et discrètement odorant. Dans une cheminée large, un grand feu flambait; tandis qu’une seule lampe posée sur le coin de la cheminée versait une lumière molle, ombrée par un abat-jour d’ancienne dentelle, sur les deux personnes qui causaient.


Elle, la maîtresse de la maison, une vieille à cheveux blancs, mais une de ces vieilles adorables dont la peau sans rides est lisse comme un fin papier et parfumée, tout imprégnée de parfums, pénétrée jusqu’à la chair vive par les essences fines dont elle se baigne, depuis si longtemps, l’épiderme: une vieille qui sent, quand on lui baise la main, l’odeur légère qui vous saute à l’odorat lorsqu’on ouvre une boîte de poudre d’iris florentine.


Lui était un ami d‘autrefois, resté garçon, un ami de toutes les semaines, un compagnon de voyage dans l’existence. Rien de plus d’ailleurs.

Ils avaient cessé de causer depuis une minute environ, et tous deux regardaient le feu, rêvant à n’importe quoi, en l’un de ces silences amis des gens qui n’ont point besoin de parler toujours pour se plaire l’un près de l’autre. Et soudain une grosse bûche, une souche hérissée de racines enflammées, croula. Elle bondit par-dessus les chenets, et, lancée dans le salon, roula sur le tapis en jetant des éclats de feu tout autour d’elle.

Photogaphie Tsilla Chelton ("Chez Maupassant")

4 commentaires:

  1. Il faut dire qu'il y en a tellement des nouvelles de Maupassant, on peut les confondre un peu. Il m'arrive aussi de tomber sur cette émission de bonne heure le matin.

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    1. Elle a été prolongée si bien qu'on peut plus facilement tomber dessus maintenant.

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  2. en lisant un billet comme celui-ci, je me prends à regretter de ne plus être abonnée au câble télé

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    1. Je tombe souvent au hasard sur des moments délicieux!

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