vendredi 27 mai 2011

Les Hommes sirènes de Fabienne Juhel, 2

L'éditeur anglais Ford Madox Ford (1873-1939),   avait décrété que l'on pouvait décider de la qualité d'un livre en lisant la page 99.
Voici ce que cela donne pour le livre de Fabienne Juhel : "Les hommes sirènes"
"Il ne faisait pas ça, L'Homme aux livres, tracer la croix sur le ventre du pain. Il n'était pas un patriarche non plus. Il avait raconté dans un de ses tout premiers essais comment, dans son baraquement, le responsable de l'unité avait fabriqué un pain à partir de la cendre de sa famille. "
 Encore mieux pour apprécier le style de la romancière, la page 251:
« Cent sept ans, ça voulait dire l’éternité.Pourtant l’ancêtre avait bien fini par mourir. Donc, tu vois que la Mort ne l’avait pas oublié, avait dit l’homme calmement.Brian lui avait répondu qu’il était bien difficile d’évaluer la part de responsabilité de chacun. Parce qu’un jour de l’été 2003, le vieux avait piqué une tête à la pointe de l’Arcouest.Il était si sénile qu’il avait oublié qu’il ne savait pas nager.La Mort avait dû sauter sur l’occasion… »
 Mais un des meilleurs passages pour moi est celui-ci:
 «Il vient souvent ici des hommes comme toi.L’homme n’est pas étonné. Il sait, évidemment il sait, que la mer attire ce genre d’hommes. On peut alors en ramasser sur la jetée, en ramener avec soi pour les longues nuits d’hiver.   Marie en trouvera toujours amarrés à un quai, comme suspendus à leur dernier rêve de pierre. Elle les décrochera, coupant un à un les fils de la marionnette piégée par le miroir aux alouettes. Une main passée sur leur front, elle les enlèvera à leur torpeur, balayant une mèche qu’ils ont cessé depuis longtemps d’amadouer. Elle leur donnera l’espace d’une nuit, d’un week-end, le goût  d’une petite mer plus facile d’approche. Elle leur offrira un mouillage en zone paisible, et un pull ou deux de son frère après.
   Sans doute qu’ils repartiront, car ils repartaient toujours, plus mordus qu’avant, bardés de rêves de coraux, la bouche pleine de sel.
   Ève Eckert les appelait les Hommes Sirènes.» 

8 commentaires:

  1. Mango, je ne peux m'empêcher d' évoquer une citation de Woody Allen: " l' éternité, c' est long, surtout vers la fin" jste pour te faire sourire!

    RépondreSupprimer
  2. orfeenix, ça me fait sourire: trop longue l'éternité!. Elle me plaît bien cette petite histoire.

    RépondreSupprimer
  3. J'ignore si j'aurai l'occasion de lire ces homme sirènes, mais en tout cas je retiens l'idée de la page 99...

    RépondreSupprimer
  4. Keisha, ce serait bien si c'était vrai! :)

    RépondreSupprimer
  5. Je ne connaissais pas cette histoire de p 99 !!! Ce livre est à ma bib, pourquoi pas, les extraits sont beaux

    RépondreSupprimer
  6. Géraldine, c'est un beau livre et pour l'histoire et pour le style.

    RépondreSupprimer
  7. Ton extrait de la page 99 me mets l'eau à la bouche.

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.