mardi 15 septembre 2009

Raffles Hôtel de Murakami Ryû

Un photographe de guerre japonais, Kariya, ayant risqué sa vie au Vietnam, en 1968, lors de l’offensive de Saïgon, se retrouve à New York, vingt ans après, à la tête d’une grande fortune due à son talent artistique : il est devenu le portraitiste des célébrités. Marié et père d’un fils de six ans, il a tout apparemment pour être heureux mais lui se sent comme mort, perdu dans un gouffre intérieur immense qui le met en décalage avec la réalité. Ses années de guerre l’obsèdent.
Une nuit, il reçoit un étrange coup de téléphone du Japon. C’est une jeune actrice qui veut absolument qu’il la photographie. Le lendemain, il la rencontre « telle une écolière punie attendant dans le couloir, elle semblait vouloir se fondre complètement dans l’ombre d’une des colonnes de marbre du hall d’entrée de l’hôtel de luxe de Central Park South, New York. » C’est Moeko Honma, l’héroïne du roman. Elle est jeune, belle, talentueuse, mais elle lui semble très solitaire, étrange, bizarre, voire même un peu folle. Elle donne l’impression de vivre dans un monde totalement imaginaire.
Très vite après un moment d’attirance, il en a peur alors qu’elle s’attache à lui et le menace, lui, sa femme et son fils. Il fuit Elle le recherche et le retrouve à Singapour dans l’hôtel mythique qui donne son nom au roman, le Raffles Hôtel. Entre en jeu le troisième personnage du récit, le jeune Takeo Yûki, qui lui sert à la fois de guide, d’interprète et de gardien protecteur. C’est là, dans cet endroit luxueux et enchanteur, que le drame va se nouer et que des bouquets d’orchidées prendront tant d’importance ! « J’étais tant fascinée par ces fleurs que j’en ai négligé ma vigilance vis-à-vis du guide, et j’ai commis une erreur monumentale. »
J’ai beaucoup aimé ce livre où les personnages sont si seuls, perdus dans leur monde intérieur, incapables de communiquer entre eux. Chacun raconte les moments de l’histoire à sa façon, reprenant la dernière moitié du récit de son prédécesseur avant d’ajouter la sienne. Entre eux, c’est la guerre du silence, la guerre de leurs mondes intérieurs qui les isolent du monde réel. L'un ne peut être qu'un témoin, l'autre reste à jamais perdu parmi ses visions du Vietnam, L'actrice joue sans cesse un rôle, fière de pouvoir disposer de cent treize façons différentes de saluer et s’effondrant intérieurement le jour où elle ne peut saluer que de façon banale.
Raffles hotel de Murakami Ryû (Editions Philippe Picquier, 1998, 180 pages, roman traduit du japonais par Corinne Atlan)
L’auteur, né en 1952, écrivain et cinéaste japonais, auteur d’une trentaine de livres.Il a d'abord tourné le film "Raffles Hôtel" et ce n’est qu’ensuite qu’il a écrit son roman.

28 commentaires:

  1. j'avais commencé cette histoire de bébés, toujours un monde assez spécial, non? Enfin, on verra, tu as l'air conquise par ce titre.

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  2. Keisha, non, non, dans celui-ci, il n'est absolument pas question de bébés!

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  3. Alors, celui-là je l'avais repéré sur un autre blog (?) et je m'étais jurée de le lire ... Heureusement que les bloggueuses me remettent en mémoire des livres dont je note les titres, pour - ensuite - les enfouir quelque part et ne plus m'en souvenir ! Ce doit-être un effet de la PALirose maniaque ...

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  4. Celui-ci a l'air moins trash que les autres il me semble, enfin d'après ce que je lis dans les billets et qui ne m'ont jamais donné vraiment envie de me pencher sur ce Murakami-là...

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  5. Je ne sais pas... Tu as l'air convaincue mais ??? A discuter ;-)

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  6. Nanne, peut-être avons-nous lu le même blog mais je n'ai découvert cet auteur que grâce à la blogosphère, comme tant d'autres d'ailleurs, et je ne le regrette pas, loin de là! :)

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  7. Ys, c'est le tout premier livre que je lis de cet auteur mais je le trouve aussi intéressant que l'autre, très différent mais très japonais aussi, accordant une grande part à la fois aux objets modernes qui nous entourent et aux images mentales qui nous isolent!

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  8. Lounima, j'ai trouvé que c'était un auteur très intéressant mais je le connais peu encore!A voir, comme tu dis!

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  9. Je ne connais pas l'auteur, j'essaierai bien et puis je trouve la couverture attirante !

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  10. Aifelle, j'aime beaucoup la couverture aussi!

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  11. J'ai lu Les bébés de la consigne automatique du même auteur, un roman très particuliers, violent. Comme le dit Ys, celui-ci a l'air un peu moins trash.

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  12. J'ai "Les bébés de la consigne automatique" dans ma PAL. Ton billet ainsi que la très belle couverture et mon attirance pour les hôtels me donnent envie de le noter !

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  13. Rien que la couverture me donne envie de lire ce livre...

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  14. emilie, ce n'est pas la violence qui domine dans ce roman même si elle est très présente malgré tout, mais dans les esprits et les événements historiques surtout!

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  15. Manu, j'ai trouvé que l'auteur avait bien du talent!

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  16. Moka, Le Raffles Hôtel de Singapour a l'air luxueux et la couverture est bien choisie en effet! C'est là que l'intrigue se noue et se joue!

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  17. Theoma, oui, en effet, la couv est réussie et le livre aussi , je trouve!

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  18. Oh, à lire les commentaires, cet auteur peut écrire des romans violents : je note celui-ci, histoire de ne pas tomber sur un roman qui me ferait tiquer. ;)

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  19. Leiloona, oui, bien que ce soit le premier livre que je lis de cet auteur, je crois savoir que "Les bébés de la consigne automatique" est particulièrement violent!

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  20. Il me tente bien ce roman, pour son sujet et son décors, le fameux raffles hôtel dont j'ai visité... les toilettes ! (seul endroit à ma portée financière !

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  21. Tentant effectivement, et cela fait un moment que je n'ai pas lu de japonais

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  22. Géraldine,Au moins tu l'as visité! Quelle chance! :)

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  23. Michel, Je suis contente de l'avoir lu: déstabilisant lui aussi , autant sinon plus que les autres Japonais que j'ai pu lire!

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  24. Toujours intéressée par la littérature japonaise !
    Résultats du tag poétique " choses qui font battre le coeur" sur mon blog !

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  25. Gio, oui, j'ai vu et t'ai laissé un commentaire! Joli travail et beaux résultats!

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