J’en avais bien
besoin de ce joli coup de cœur!
Cathulu et Dominique ne se sont pas trompées
en conseillant l’histoire de cette belle relation ( on peut l’appeler ainsi, je
crois) entre une jeune femme malade, alitée pendant de nombreuses années et un escargot offert par hasard avec un
bouquet de violettes et observé ensuite patiemment et minutieusement, une fois
placé dans un terrarium près du lit médicalisé de Élisabeth Tova Bailey. Il s’agit en effet ici du récit de la propre expérience de l’auteur, de ses
observations, de ses réflexions et de
ses recherches finalement
scientifiques sur ce petit animal
débarqué à l’improviste chez elle,
tout d’abord presqu’inconnu et
inespéré mais très vite devenu un animal de compagnie auquel elle s’est
profondément attachée et dont le comportement l’a aidée à survivre.
Lorsque je pensais aux distances que mon escargot pouvait parcourir, en dépit de sa taille, mon immobilité n’en était que plus frappante Quant à ma vie, elle était entrain de devenir aussi solitaire que celle de mon escargot.
Mon lit était une île dans la mer désolée de ma chambre. Je savais pourtant que d’autres étaient comme moi confinés chez eux, par la maladie ou par une blessure, dans des villages ou dans des villes, partout dans le monde. Allongée-là, je me sentais liée à eux tous. Nous formions nous aussi une sorte de colonie d’ermites.
Pas un instant je ne
me suis ennuyée et n’ai même senti qu’il s’agissait d’un essai. Je me suis
trouvée à mon tour pleine de respect et d’admiration, de sympathie même pour ce
petit gastéropode tellement plus intéressant que je ne pouvais l’imaginer. Il
faut dire que E. Tova Bailey sait se rendre passionnante quand elle nous
fait part de ses découvertes et qu’elle compare sa propre lenteur imposée
par la maladie à celle de son compagnon qui ne se déplace que la nuit
pour manger les pétales de fleurs puis
les plaques de champignon qu’elle lui donne.
Je ne regarderai plus jamais les escargots de la même
façon désormais: ils me semblent aussi passionnants à étudier que l'ont été les fourmis de Bernard Weber. J'envie jusquà leur mucus qui leur permet tant de choses, leur long accouplement (mais ça je savais déjà) et cette faculté de se plonger dans une sorte de léthargie pour de longs mois voire plusieurs années si nécessaire, en milieu hostile!
A mon tour de conseiller la lecture de ce livre à la fois très personnel et universel, intimiste et scientifique à la fois, émouvant, surprenant, original, que j'ai trouvé terriblement attachant.La vie d'un escargot est faite de mets goûteux, de lits et autres couchages confortables, et de toutes sortes d'aventures plus ou moins plaisantes, tout comme la vie de n'importe qui dans mon entourage.
Hormis leurs notables idylles, que j'allais bientôt découvrir, les escargots mènent une vie solitaire. Leur comportement est considéré comme étant d'une complexité intermédiaire, plus simple que celui des mammifères et des insectes, mais plus évolué que celui des vers. ... J'avais du respect pour l'intelligence de mon escargot.
Autres billets: Cathulu (Merci encore pour l'avoir fait voyager), Dominique,
Pour entendre le son de l' escargot qui glisse et qui mange dans son terrarium chez l'auteur, c'est ici
Les nuits mouvementées de l'escargot sauvage, Elisabeth Tova Bailey (éditions Autrement Littératures, mai 2013, 170 p.) Traduit de l'anglais (États_Unis) par Marie-Céline Moureaux
Pour entendre le son de l' escargot qui glisse et qui mange dans son terrarium chez l'auteur, c'est ici
Les nuits mouvementées de l'escargot sauvage, Elisabeth Tova Bailey (éditions Autrement Littératures, mai 2013, 170 p.) Traduit de l'anglais (États_Unis) par Marie-Céline Moureaux