mardi 15 octobre 2013

Un endroit où se cacher, Joyce Carol Oates

C’est une jolie lecture que celle que je viens de terminer qui m’a fait découvrir un nouvel aspect  du talent de  conteuse de Joyce Carol Oates dont je n’avais lu jusqu’ici que les livres pour adultes. Celui-ci - à lire à partir de treize ans- s’adresse plus particulièrement aux adolescentes,  comme une mise en garde sur tous les pièges dans lesquels elles pourraient tomber, durant leurs années de collège et de lycée. Gare aux mauvaises fréquentations, aux amitiés douteuses, aux excès de toutes sortes, aux révoltes faciles et appel à la prudence,  à la réflexion, à la confiance en soi, bref, rien que du bon sens et pas mal  de sagesse mais par petites touches, l’air de rien, sans pesanteur. Tout tient au récit, rien qu'au récit et assez peu aux dialogues, heureusement. 

Jenna, 15 ans, sort d’une longue réanimation à l’hôpital, après un terrible accident de voiture dans lequel sa mère est morte. Elle se croit  coupable et refuse de vivre dans la nouvelle famille de son père qui les a abandonnées, sa mère et elle, quelques années auparavant. Une tante maternelle l’a recueillie dans sa famille mais Jenna regrette les drogues qu’on lui donnait pour diminuer ses souffrances et se rapproche au lycée d’un groupe de drogués  qui entretiennent ses élans de révolte et son enfermement dans la solitude et le mutisme. Elle descendra bien bas. D’un côté, il y a son amie Trina , la dangereuse,  et de l’autre, l’amour de celle-ci, Crow, l’énigmatique, le beau et mystérieux mauvais garçon. 
Une histoire finalement  des plus classiques mais au goût du jour avec les dangers d’aujourd’hui : tournantes, boissons, drogues variées et violences mais qui sont éternels finalement. Seuls changent les moyens  et  l’apparence pour atteindre le but: atteindre ce bleu  merveilleux où s’apaisent toutes les douleurs. Pour cela deux seules voies sont possibles: l'absorption de produits variés et coûteux ou le travail sur soi au prix de bien des efforts. 
C'est touchant et jamais ennuyeux.
Dans le bleu, je volais, les ailes déployées. Dans le bleu, je flottais, légère comme une plume. Dans le bleu, je me moquais de l'expression de papa.
Tu vois, papa, maintenant je n'ai pas besoin de toi. C'est avant l'accident  que maman avaions besoin de toi, plus maintenant. 
 Plus question de faire les mêmes erreurs idiotes. De me retrouver de nouveau aux urgences, avec un tuyau plongé dans la gorge, comme un boa constrictor, pour aspirer le contenu de mon estomac - jamais au grand jamais; (p. 208/209)
C'est pas le ciné ou la télé, c'est juste cette vie rasoir, où rien n'arrive jamais. (p. 209)
 Lu aussi par Hélène,  Cathulu, Sandrine et +

Un endroit où se cacher, Joyce  Carol Oates
Titre original : After the Wreck, I Picked Myself Up, Spread My Wings, and Flew Away
Traduit de l'anglais (américain) par Dorothée Zumstein 

10 commentaires:

  1. C'est un beau livre sur le deuil, et les moyens d'y faire face quand on est adolescent. Pas de mièvrerie et pourtant beaucoup de sensibilité : du talent en somme...

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    1. Elle a su trouver le ton juste pour le public visé, sans lasser pour autant un lecteur adulte, j'admire!

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  2. Une auteure multicartes talentueuse mais tellement productive qu'il est difficile de savoir en choisissant un de ses nombreux ouvrages si l'on va, ou pas, tomber sur une bonne pioche.

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    1. C'est juste mai si j'avais un tel talent, j'aurais du mal à me freiner aussi puisqu'on sent tellement qu'elle aime écrire!

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  3. Je me souviens avoir été très touchée par ce roman, au plus près de la douleur de Jenna, de sa révolte. Un très bon Oates.

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    1. Oui, c'est facile de s'identifier à Jenna et c'est aussi ce qui fait la force de ce livre à conseiller aux ados!

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  4. Je suis en train de lire son dernier qui me plait bien.

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  5. J'ai bien aimé ce livre de littérature jeunesse que j'ai d'ailleurs conseillé à mes élèves...

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  6. L'extrait est convainquant, voilà un titre qui est déjà dans ma LAL, je vais le surligner ! Moi qui lisais si peu de jeunesse, je me rends compte de plus en plus qu'il s'y cache de véritables pépites...

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