Lolita postmoderne, Katya Spivak oscille entre la naïveté de ses seize ans et le cynisme d’une gamine élevée à la dure. Et, quand le vieux et très distingué Mr Kidder l’aborde courtoisement alors qu’elle a le nez collé contre une vitrine de dessous affriolants, elle réagit avec la méfiance polie qui convient. Pourtant, peu à peu, au fil des jours et de leurs rencontres, la jeune fille en mal d’affection se laisse vaguement séduire par le charme et la générosité désintéressée que déploie à son égard le vieil homme. Mais, derrière sa richesse, ses manières impeccables, ses talents artistiques, sa grande maison vide, ses tableaux bizarres, sa gouvernante et son chauffeur discrets, qui est le mystérieux Mr Kidder? Et que veut-il vraiment de Katya?
(éditeur)
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«Cela commença innocemment. Alors que Katya Spivak avait seize ans et Marcus Kidder, soixante-huit.»
Dès la première phrase, le roman est ainsi orienté pour suggérer au lecteur qu’il pourrait s’agir d’une nouvelle histoire de Lolita puisqu’il y est question d’innocence (et par là même de culpabilité possible ) et d’un rapprochement entre une très jeune fille et un vieux monsieur. Le doute plane aussitôt.
Tout se joue un été dans le New Jersey, à Bayhead Harbor, une ville balnéaire des plus chic. Lui est un artiste célèbre, très riche, dans une grande maison, avec gouvernante, chauffeur, domestiques constamment à sa disposition. Il peint surtout des portraits de femmes dans son grand atelier où il reçoit Katya pour la peindre à son tour, en la rémunérant généreusement.
Elle s’occupe comme fille au pair des deux jeunes enfants d’une famille aisée dont la mère est très intransigeante et peu chaleureuse. Elle vient d’une famille bancale où le père a disparu et dont la mère alcoolique dépense au jeu tout l’argent qu’elle emprunte à ses filles et qu’elle ne rembourse jamais. Katya est en mal d’affection. Elle est prête à tout pour se faire aimer. Son seul amour jusqu’ici a été son cousin facilement violent et intéressé. Son présent est son employeur chez qui elle loge, le père des enfants dont elle s’occupe et qui tourne autour d’elle en cachette de sa femme.
C’est pourquoi, le temps passé avec Marcus Kidder dans son atelier est pour Katya une forme de libération. Il se montre aimable, généreux et courtois. Cependant elle reste méfiante et se demande ce qu’il lui veut vraiment. Je croyais deviner et redoutais déjà la suite. je me trompais.
La fin m’a surprise. Elle offre une autre vision de la réalité. Tout finit par un conte: celui du "Roi et de La belle Demoiselle". Je m’attendais au pire mais c’est alors qu’une nouvelle dimension est offerte par l’auteur. Il y a bien libération mais pas celle que j’imaginais. Seulement impossible d’en parler ici évidemment. Pourtant, à mon grand étonnement, plusieurs billets sur ce roman ne semblent pas avoir tenu compte de la demande finale de Mr Kidder qui me semble pourtant essentielle, comme une sorte de volte face obligeant à une nouvelle interprétation concernant les relations des personnages. C’est pourquoi rien ne remplace le plaisir de parler d'un livre avec ses amis. C’est le cas avec ce roman, plus riche qu’on ne pourrait le penser à première vue!
«Car l’amour est force, il ne peut y avoir de force, sans amour - Katya ne l’oublierait jamais.» (p.236)
Autres billets: Stephie, Melo, Kathel, Georges, et plein d'autres encore...
Le mystérieux Mr Kidder, Joyce Carol Oates
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Claude Seban,
(Philippe Rey, 2009/2013, 236 pages)
Ce roman est plein de surprises et va plus loin qu'on ne l'imagine au début... sans vouloir trop en dire non plus ! Je n'ai jamais pratiqué le club de lecture, je tiens trop à mes choix, et je craindrais de me faire imposer des lectures qui ne me plaisent pas !
RépondreSupprimerC'est en effet l' inconvénient majeur avec le manque de temps aussi!
SupprimerMais elle a écrit combien de romans, cette JCO?
RépondreSupprimerBeaucoup, beaucoup! :)
SupprimerTrès tentée évidemment comme par tous les romans de la dame. En plus, j'ai adoré Lolita.
RépondreSupprimerTu l'aimeras donc probablement. On parle d'elle en ce moment pour le prix Nobel de littérature 2013. On le saura demain mais je n'y crois pas trop!
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