Un jour, j'ai eu envie d'écrire sur les maisons que j'ai fréquentées, et qui ont disparu de ma vie, exactement comme des gens qu'on a aimés, qui ont énormément compté pour nous, et puis qui sortent de nos existences, pour telle ou telle raison.( ...)Et puis enfin, un jour, j'ai trouvé ma maison.
Et si moi aussi je faisais le récit de ma vie à travers les endroits où j’ai vécus et plus précisément les immeubles, appartements, chambres d’étudiants, maisons d’amis ou de parents, pensionnat où le hasard de ma naissance et de ma vie m’a posée un temps suffisamment long pour m’y créer des souvenirs et me forger mon identité actuelle?
Des lieux perdus désormais - définitivement - qui font mal quand je les revois parce que la magie n’y est plus. Ils sont morts. Ils appartiennent à d’autres et c’est leur deuil que je dois renouveler quand j’y retourne très exceptionnellement.
Telles sont les réflexions que je me fais une fois le livre de Nathalie Heinich refermé. Il m'inspire, me parle, me donne des idées... Je l'ai aimé, m'y suis retrouvée, ai revécu en sa compagnie des moments forts de ma génération, des plaisirs, des espoirs, des influences, des modes mais aussi des souffrances, des révoltes, des déceptions que j'avais oubliées.
Quand elle parle de ses maisons et des pans de sa vie qui y demeurent liés, elle me rappelle aussi des moments de la mienne, noirs ou roses mais toujours intensément vécus. Elle est fondamentalement du sud et moi profondément de l'ouest mais qu'importe... Les émotions, les sentiments, les joies de l'enfance, les craintes et les ambitions de l'âge adulte, les regrets des années qui défilent, tout est semblable en définitive.
Évidemment le chapitre 8, "Du Mont Dol à Plougasnou" me parle peut-être davantage. J'y ai encore des attaches, de très chères amies de pensionnat qui vivent dans deux maisons voisines mais ce n'est pas de topographie dont il s'agit ici et nos souvenirs divergent dans leurs précisions même. Il reste les sensations que je prends plaisir à recopier parce que ce sont les mêmes que j'y ai ressenties.
Les soirs de juin, après dîner, je prenais sa voiture et montais la côte au-delà de Saint-Jean-du-Doigt, sur le promontoire où je me garais pour m’asseoir au bord de la falaise en à-pic au-dessus de l’océan, face au grand large, avec le ciel clair à onze heures, les mouettes qui piaillaient tout autour de moi, la vue sur la maison au loin dans son bouquet de pins. (…) J’étais seule et heureuse. Bien que seule – ou parce que seule ? L’avenir allait à l’infini, comme l’horizon. J’étais sans âge.Un beau moment de lecture. Un seul regret: le manque de photographies des lieux évoqués.
Maisons perdues, Nathalie Heinich, (éditions Thierry Marchaisse, déc. 2012, 128 pages)
Une autobiographie par les toits, des années 1950 à nos jours, qui rend justice à la grâce des maisons et à la douleur de leur perte. (note de l'éditeur)
Nathalie Heinich, née à Marseille en 1955, est sociologue, directeur de recherche au CNRS. Elle est spécialiste de la sociologie de l'Art et des pratiques culturelles. Ses ouvrages sont traduits dans une quinzaine de langues.
Maisons perdues est le premier texte littéraire qu'elle publie sous son nom.
J'aime beaucoup le thème des maisons dans la littérature, je note.
RépondreSupprimerC'est bien écrit et très intéressant. Grâce à l'évocation de ses maisons, on arrive à deviner la vie menée!
SupprimerUn sujet qui me tente grandement.
RépondreSupprimerje l'ai trouvé original et bien mené!
SupprimerC'est un beau sujet, qui me fait penser à une lecture faite il y a longtemps et qui s'appelle "une rupture pour vivre" car, il me semble, quitter un lieu où l'on a vécu quelque temps est toujours une rupture...
RépondreSupprimerLes ruptures font-elles vraiment vivre? Elles font mal en tout cas même pour un simple changement de lieu!
SupprimerCe sujet est pour moi aussi, j'adore les maisons et celles où j'ai vécues me parlent plus encore....
RépondreSupprimerMerci de nous communiquer ce titre !
Belle journée
Les maisons où on a vécu longtemps rythment vraiment notre vie, plus qu'on ne le croit au départ!
SupprimerIntéressant. Et puis c'est un sujet qui sort un peu des sentiers battus.
RépondreSupprimerJe ne l'ai pas souvent vu mis en valeur dans les romans contemporains, c'est vrai!
SupprimerPourquoi pas? Theme original et qui évoque chez chacun de nous des souvenirs, heureux ou malheureux mais jamais d'indifférence.Pour changer un peu , surtout si c'est bien écrit.
RépondreSupprimerC'est bien écrit, dans un style simple et classique qui convient bien au sujet. C'est surtout cependant l'idée de départ et son traitement qui m'ont surtout intéressée ici.
SupprimerTout à fait le genre de livre qui me plait! On peut s'y sentir bien, rêver aussi...
RépondreSupprimerEn tout cas, c'est une belle source d'inspiration qui tient la distance sur tout un roman!
SupprimerTiens, là c'est bon!
RépondreSupprimerOuf! :)
SupprimerLe sujet n'est pas des plus courants... Pourquoi pas ?
RépondreSupprimerC'est son originalité qui m'a séduite au départ et puis les prolongements sont venus ensuite!
SupprimerJe me disais que son nom ne m'était pas inconnu, je suis allée farfouiller et effectivement j'ai lu plusieurs de ses essais sur l'identité de l'écrivain ou sur l'art
RépondreSupprimerje note car le thème me touche beaucoup, nos maisons parlent de nous en effet et nous parlent !
Je note ce titre sans hésitation
J'imaginais en lisant ton avis qu'il y avait des photographies, c'est effectivement dommage si ce n'est pas le cas mais le thème me parle moi aussi!
RépondreSupprimeroh voilà qui me plairait beaucoup, je suis du genre à m'attacher viscéralement aux maisons, aux objets, aux odeurs... Je note !
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