Le bain du bébé (suite du billet précédent sur Monteriano de Forster, billet à lire de préférence)
- Il
me faudrait une serviette bien douce maintenant, dit Miss Abbott, que son
service exaltait étrangement.
-
Voilà ! voilà !
Sans
hésiter, il courut au placard. Mais où diable trouver une serviette
douce ? Il bouchonnait d’habitude l’enfant avec le premier objet sec venu.
- Et
si vous aviez un peu de poudre…
Il
se frappa désespérément le front. On avait juste épuisé la réserve de poudre,
semblait-il.
Elle
sacrifia son propre mouchoir blanc. Gino disposa pour la jeune fille un siège
dans la loggia, qui, orientée vers l’ouest,
restait agréablement fraîche. Quand elle fut assise, détachée sur le
fond du paysage – trente kilomètres de paysage - Gino posa sur ses genoux le bébé ruisselant. Il rayonnait de
santé et de grâce et reflétait le jour comme un vase de cuivre. C’est un enfant
semblable que Bellini couche, languissant, sur les genoux de sa mère, que
Signorelli jette frétillant sur un pavé de marbre, que Lorenzo di Credi, moins
divin, plus respectueux, dépose avec soin dans les fleurs, la tête sur une poignée de paille dorée. Gino, un
instant, resta debout à contempler. Puis, pour mieux voir, il s’agenouilla tout
près de la chaise, les mains jointes.
Tel
est le groupe que Philippe vit en entrant et qu’il prit à tous égards, pour la
Vierge, l’Enfant et le Donateur.
Monteriano de E.M. Forster, (Le bruit du temps), P.166
Lorenzo di CrediBellini, Madonna del Prato, 1505 environ, National Gallery, Londres.
très joli billet, et j'aime beaucoup forster, je vais donc noter :)
RépondreSupprimerMoi aussi, je note, je crois que celui-là, je ne l'ai pas lu !
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