Ce roman, de 1927, a, certes inspiré le film de Marcel Carné et de Jacques Prévert, de 1938, avec Jean Gabin et Michèle Morgan, et cependant ce dernier récit n'a qu'un vague rapport avec celui de Pierre Mac Orlan. (1882/1970) dans lequel tout se joue à Montmartre au lieu du Havre.
Montmartre, avant la guerre de 14, un soir de neige au «Lapin Agile», le cabaret de Frédéric, dit Frédé, devenu l’actuel lieu touristique que l’on connaît, quelques pauvres diable du coin vont se retrouver pour y vivre une nuit oppressante et violente, confrontés à des bandes de marlous, d’apaches, bref de jeunes voyous du quartier, de ceux qui cherchent querelle pour un oui ou pour un non.
Rien de bien nouveau sous la neige qui glace pour la nuit toute trace de misère? Sans doute ! Signe des temps cependant, avec la menace de la guerre qui plane, les soldats, prêts à partir au front et les démunis et affamés de tous bords qui se retrouvent piégés et barricadés ce soir-là dans le silence et l’obscurité de la grande salle nue, cible des tirs de revolver des clans venus des fortifications voisines, bien décidés à régler leur compte et à dépouiller les malheureux clients isolés du cabaret.
Se retrouvent là, par hasard, ce soir fatidique, outre Frédé , le patron, ( si célèbre par la suite, avec les chanteurs et poètes qui se retrouvèrent chez lui. Mac Orlan pensa même épouser sa fille un moment), Jean Rabe, jeune homme de vingt-cinq ans, bachelier sans profession, crevant de faim: «Il y avait exactement sept semaines qu’il n’avait pas mangé de viande saignante.» toujours à la recherche d’une chambre où dormir, un soldat qui ne pense qu’à déserter, et Michel Kraus, un peintre d’origine allemande qui ne vend jamais rien, enfin Nelly, 19 ans, la serveuse et d’autres encore aussi mal en point.
Au dehors erre un mystérieux et inquiétant boucher, Zabel, avec un étrange colis gris sous le bras. Son comportement et ses discours sont étranges et les habitants s’en méfient et l’épient.
S’installe comme un climat d’enquête policière.
Mais la misère emporte chacun par monts et par vaux et seuls les animaux familiers apportent un peu de réconfort dans ces vies solitaires si désespérées avec en point de mire les tranchées prêtes à s’ouvrir.
Ai-je aimé cette lecture ?
J’aime Mac Orlan, le poète et le chansonnier, l’ami de Carco, Max Jacob et Apollinaire, tous ces artistes si prometteurs qui fréquentèrent Montmartre à cette époque et ce roman rappelle combien leur vie pouvait être misérable. L’auteur n’en a pas gardé que de bons souvenirs mais son ambition était d’associer ce roman à deux autres pour réaliser comme une sorte de «reportages sentimentaux» sur l’atmosphère très spéciale de l’Europe entre deux guerres.
Ce roman est noir, très noir et sans espoir. La guerre suit la misère. Restent Nelly, les chats, les chiens… Seules consolations!
Une lecture triste et nostalgique mais un beau roman.
Le quai des brumes, Pierre Mac Orlan, (Gallimard, 1927, 175 pages)
Difficile de ne pas avoir le film en tête...
RépondreSupprimerC'est vrai mais une fois que tu commences le livre, tu n'y penses plus! C'est trop différent!
SupprimerComme Keisha ... et l'écriture est peut-être un peu datée ?
RépondreSupprimerCertains mots le sont mais l'écriture est plutôt moderne, sèche, précise, rapide. En revanche les lieux, l' atmosphère, les situations politiques et sociales le sont vraiment, oui. Quelle misère à Montmartre, alors!
SupprimerHou... vieux souvenirs de lecture !
RépondreSupprimerLe livre de la bibliothèque était tout jauni! Drôle d'impression! :))
SupprimerUne vraie petite machine à remonter le temps ;)
RépondreSupprimerC'est exactement ça! Je connaissais la trame mais pas la chair autour! Quelle misère. Ici,ce n'est vraiment pas "La belle époque"!
Supprimerje note le titre, que je connaissais via le cinéma - je ne connais que très mal l'oeuvre de macorlan, voire pas du tout ;)
RépondreSupprimerJ'ai peu lire ses romans mais j'aime bien ses poèmes!
RépondreSupprimerLa vie à Montmartre était bien difficile à cette époque. J'ai les images du film en tête.
RépondreSupprimerEn revanche je n'ai pas lu le livre.
Rien à voir avec le Montmartre d'aujourd'hui mais les peintres y sont encore nombreux.
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