Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger
Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon
Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus
Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps
C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux
O mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
A l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre pour le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger
Louis Aragon (1897/1982)
Peintures de Zao Wou-Ki (Pékin 1920 )
Zao Wou Ki, un de mes peintres préférés .. et le poème d'Aragon est bien mélancolique.
RépondreSupprimerAifelle, c'est le temps et la période de l'année qui veut ça mais haut les cœurs! :)
RépondreSupprimerPeintures et poèmes sont bien assortis. Bon dimanche, Mango !
RépondreSupprimerUn de mes poèmes préférés, l'un des premiers choisis pour ces dimanches, " c'est long vieillir au bout du compte ". Les peintures qui accompagnent sont très fines, je découvre.
RépondreSupprimerBon dimanche à toi.
Passe ton doigt là sur ta tempe
RépondreSupprimerTouche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux
j'aime beaucoup cette strophe ! merci pour ce beau poème ! bon dimanche !
Tu ne peux pas savoir à quel point ce texte me touche aujourd'hui ! Merci, et merci aussi pour ces tableaux si bien assortis qui me plaisent énormément aussi !
RépondreSupprimer"Rien n'est précaire comme vivre
RépondreSupprimerRien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger"
C'est beau, c'est infiniment triste de la sombre réalité de l'homme...
Les tableaux sont magnifiques
Merci Mango
Kathel, Bon dimanche à toi aussi!
RépondreSupprimeremmyne, J'aime aussi beaucoup ce peintre chinois qui vit en France.
RépondreSupprimerLes Livres de George, Bon dimanche à toi aussi.
RépondreSupprimerAnne, Un beau poème, je trouve, touche toujours beaucoup et j'espère qu'il t'a fait du bien même s'il est très réaliste. Quant au peintre c'est actuellement un de mes préférés.
RépondreSupprimerDidi, je suis contente que tu aimes.
RépondreSupprimermagnifiques peintures !
RépondreSupprimerAragon, c'est toujours un bonheur de le lire. Les tableaux qui illustrent ce poème sont superbes.
RépondreSupprimerL'association me sied ;)
RépondreSupprimerniki, n'est-ce pas?
RépondreSupprimerdimitri, Aragon m'a toujours plu comme poète , un peu moins comme romancier.
RépondreSupprimerle blÖg d'Ötli, J'en suis ravie.
RépondreSupprimerIl est frappant de vérité, et je le connais bien, ce poème... et pourtant je le lis et le relis ici avec la même émotion !
RépondreSupprimerUn très beau poème Bonne soirée
RépondreSupprimerK'gire, oui, il se relit sans problème.
RépondreSupprimerBénédicte, Des vers que l'on peut facilement retenir.
RépondreSupprimerun très beau poème magnifiques illustrations
RépondreSupprimerwens, je suis vraiment contente que tu aimes.
RépondreSupprimerCe beau poème typique de Louis Aragon dans son eternel questionnement de la vie, me rappelle une de ses citations:" Il est plus facile de mourir que d'aimer.- C'est pourquoi je me donne le mal de vivre.- Mon amour...
RépondreSupprimerBonjour, Magnifique poème, l’un des plus beaux. Malheureusement une petite erreur de transcription l’entache : ce n’est pas “comme le givre” mais “pour le givre”.
RépondreSupprimerDe façon à faire sens avec “pour le vent”, avec lequel il forme d’ailleurs un chiasme.
Et aussi de façon à respecter la métrique, puisque le “e” muet de “comme” ajoute un neuvième pied à cet octosyllabe.
Aurez-vous le bon goût de corriger ?
Merci d’avance JLB
Merci: je viens de corriger!
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