Lire c’est comme une rencontre amoureuse qui n’aurait pas de fin. Ici, pas d’arrachement, mais une succession sans rupture, voire une coexistence heureuse de liens multiples, durant parfois toute la vie. Cela commence par un coup de foudre pour un livre. Alors je lis tout de son auteur, j’aime tout de lui. Puis vient l’accomplissement de l’amour qu’est l’écriture. Écrire, pour moi, veut dire élire un de ces compagnons de prédilection, un peu comme on se décide à s’engager dans une liaison qui durera des mois, voire des années, jusqu’à ce que son fruit arrive à terme.
Mais écrire, c’est aussi s’engager dans une ascèse qui, d’ailleurs, comporte son plaisir propre. Il faut inventer à sa mesure, ses rythmes, ses rites, ses règles de vie, un cadre et une discipline, sans omettre de préserver la part due au lien avec les autres, car, dans l’ascétisme, il faut se garder des excès, tous les ascètes le savent. Roland Barthes l’a très bien vu, qui s’est longuement interrogé sur les modes de vie solitaires, l’aménagement des relations nécessaires avec les autres, qu’il souhaitait le plus légères possible afin de préserver le temps qu’il faut pour écrire, c’est-à-dire pour laisser la solitude s’épanouir.O Solitude de Catherine Millot, roman, (L'Infini, nrf, Gallimard, mai2011, 167 pages)
Catherine Millot parle de son livre ICI et ICI
O Solitude de Henry Purcell par Alfred Deller: ICI
Tu nous fais le coup du cadeau empoisonné là, et tu veux qu'on fasse comment pour résister à ça ?
RépondreSupprimerC'est un livre que je viens de découvrir et qui m'a vivement intéressée. Je l'aime tellement, il est si riche que j'ai beaucoup de mal à en faire le compte rendu.
SupprimerWouah !
RépondreSupprimerQuel beau billet tu nous as encore troussé là !
Et comme le souligne Dominique : comment résister à ça ?
Y.
Ne résiste pas! Si tu en as l'occasion lis -le surtout!
SupprimerQuel bonheur que de lire et de se laisser aller, en s'invitant parmi les personnages du roman! Ecrire necesssite de tracer un chemin pour ne pas se laisser aller en vue d'atteindre le bonheur d'un travail accompli!
RépondreSupprimerC'est exactement ça: Lire et écrire comme le luxe suprême mais il y faut une certaine forme de solitude.
Supprimerj'aime beaucoup cet titre "lire comme une rencontre amoureuse"
RépondreSupprimerconcernant la solitude, l'un des plus beaux livres que j'aie lu sur ce sujet est celui de jacqueline kelern
Merci du conseil, Niki. Je vais aller me renseigner.
SupprimerDois je dire que je te déteste? En plus j'ai la musique de Purcell en tête, maintenant..;
RépondreSupprimer:)) Elle est superbe cette musique! Le titre vient des paroles , bien sûr: "O Solitude! my sweetest choice!"
SupprimerOh misère, même commentaire que Dominique, tu ne pouvais pas citer plus tentateur...
RépondreSupprimer" laisser la solitude s'épanouir ", c'est magnifique.
Ce livre m'a surprise! Je ne m'attendais pas à l'aimer autant.
SupprimerSuper tentant ! :D
RépondreSupprimerUn excellent livre à méditer plus qu'à lire comme un roman. Les videos de l'auteur où elle parle de son livre sont intéressantes aussi.
SupprimerJ'ai failli l'acheter à sa sortie, puis j'ai vu un billet très négatif et j'ai décidé d'attendre. Voilà que tu ravives la flamme et pas qu'un peu !
RépondreSupprimerTiens, je n'ai pas vu ce billet négatif. J'ai du mal à rédiger le mien car le tri est difficile avec un livre aussi plein de beaux chapitres. Le seul reproche vient de la présence des premiers où elle raconte la croisière pendant laquelle elle a écrit son livre. C'est complètement déphasé par rapport au reste bien plus remarquable. Elle explique que c'est parce qu'il s'est passé des années ensuite entre ces deux moments d'écriture. N'empêche, ce livre vaut vraiment la peine d'être lu!
SupprimerJ'ai retrouvé l'avis : http://lapetitemarchandedeprose.hautetfort.com/archive/2011/08/25/o-solitude-de-catherine-millot.html
RépondreSupprimerMerci Aifelle! Ce qui est dit là est juste mais ne correspond qu'à la première partie plus autobiographique dont je parlais. La suite est très différente et d'un autre niveau. Catherine Millot s'explique d'ailleurs sur la conception de son livre rédigé en deux temps bien distincts et sur l'appellation de roman qui n'est pas heureuse à mon avis mais c'est Sollers, le directeur de cette collection, qui l'a imposée. Je suis sûre que ce livre t'intéresserait vivement quitte à passer directement à la page 81. Ce n'est pas courant mais ça en vaut la peine! A partir de là est caché le trésor !:)
SupprimerUn livre qui devrait me plaire, me parler et peut-être bien m'aider. Noté dans ma LAL sur le site "entrée livre", où je tiens désormais tout cela à jour très sérieusement !
RépondreSupprimerIl y a des destins de solitaires très surprenants et inattendus.
SupprimerAh oui, là, après un tel billet, pas d'autre solution que de se précipiter sur ce livre...
RépondreSupprimerIl est bien et pour les idées et pour le style!
SupprimerUne belle belle lecture, en prenant le temps qu'elle mérite. Merci.
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