En cherchant ce que je pourrais bien présenter d’autre qu’un récit de Yôko Ogawa dans le cadre du challenge de Choco: Les 10 jours japonais, j’ai retrouvé le catalogue d’une exposition vue en 1986 au Centre Pompidou et qui est une mine d’informations sur l’art des avant-gardes au Japon, de 1910 à 1970. Cet album n’a qu’un seul défaut, c’est d’être si lourd et si volumineux qu’il est difficilement déplaçable mais il est foisonnant d’idées et de belles rencontres et je n’ai pas fini de le consulter ces prochains jours.
Parmi les très nombreux artistes présentés, j’ai choisi de me documenter sur le peintre (萬 鉄五郎 Yorosu Tetsugorō dont l’autoportrait aux yeux rouges, datant de 1912, m’a particulièrement impressionnée. Il fut l'un des précurseurs de la peinture d'avant garde au Japon.
Il est né en 1885 à Tchuchizawa, Iware, Japon, fréquente le collège et l’ Académie Waseda de Tokyo dès 1903, séjourne aux Etats-Unis en 1906, prépare les Beaux-arts de Tokyo en 1907-1912 et en 1914 il s'installe à Tsucizawa puis à Chigazaki, Kanagawa, en 1919. C’est là qu’ il meurt de tuberculose, en 1927, à 42 ans.
On note dans ses peintures l’influence successive de Van Gogh, des cubistes, de Picasso, de Matisse, du fauvisme pour se tourner ensuite vers des scènes de village et des autoportraits plus personnels, comme cet étonnant autoportrait au nuage.
L'essor de l'art japonais moderne s'accompagne d'un renouveau radical dans le domaine de la pensée théorique et critique.
Beauté nue (1912)
Durant près d'un millénaire, la théorie de l'art ne fut jamais indépendante de sa pratique, et il n'existait nulle esthétique conçue comme un système global et abstrait. La peinture et la poésie japonaises comptent parmi celles qui, dans l'histoire de l'art universel, sont soumises aux codes les plus stricts.
L'une des innovations les plus frappantes de l'époque moderne avec Yokosu Tetsugoro se révèle dans l'activité critique de l'artiste qui s'écarte de la norme acceptée par tous et cherche à définir la place qui lui revient dans la création de l'art nouveau. Le peintre, peu à peu s'interroge sur lui-même et ses œuvres deviennent plus intimistes. Ici, l'une des dernières toiles du dernier lieu où il vécut, à Chigasaki.
"Cependant il échoua dans sa tentative d'introduire au Japon les méthodes de la peinture occidentale, de même que Taro Okamoto, Shiryu Morita,Togo, Tai Kanbara, Murayama, Saburo Hasegawa, Suematsu qui n'avaient fait qu'interpéter le fauvisme, le cubisme, le futurisme, le surréalisme, le constructivisme sans jamais pouvoir intégrer les leçons de Picasso, de Braque ou de Léger à leur peinture traditionnelle." Georges Mathieu, 1962 (L'Abstraction lyrique)
Ce billet s'inscrit également dans le cadre du dragon 2012 chez Catherine: Ici
C'est assez spécial .. je ne suis pas particulièrement attirée par ce genre de peinture.
RépondreSupprimerPlus qu'un livre d'art, ce catalogue, comme le faisait l'exposition, suit un but historique, pour mieux faire connaître l'art japonais du XXème siècle aux Français, 9 ans après l'ouverture du Centre Pompidou. Cette manifestation avait attiré un monde fou. J'y étais allée et la file d'attente était impressionnante. C'est la première fois que je rouvre ce catalogue si riche et j'en ai pour un bon bout de temps à le lire: il foisonne de renseignements sur les artistes japonais et j'en suis ravie.
SupprimerBel article pour le challenge Dragon 2012, Mango, merci.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup la plagiste en maillot vert.
Bonne semaine.
C'est aussi à ça que servent les challenges: à donner des nouvelles envies de recherches et à faire ainsi de belles découvertes.
SupprimerDesolée, je n'ai pas de connection internet pour l'instant.
RépondreSupprimerMango
J'aime beaucoup ces peintures. Il est vrai que l'on sent l'influence de Van Gogh et de Picasso.
RépondreSupprimerL’autoportrait aux yeux rouges retient particulièrement mon attention.
C'est un article très intéressant, l'influence des peintres occidentaux est vraiment incroyable. J'ai vu un documentaire sublime sur Arte sur l'influence de la cuisine française au Japon et vice versa. Si les peuples pouvaient se rencontrer juste pour se découvrir, s’influencer mutuellement dans le respect de chacun et créer ainsi un art nouveau, des saveurs nouvelles... Et bien il n'y aurait pas de guerre.
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