Après un passage à vide où le mal du pays la rend malade, Eilis finit par s’adapter à la liberté et aux nouvelles modes américaines. Ses liens avec l’Irlande se distendent; elle rencontre un jeune Italien charmant et entreprenant qui l’aime et la reçoit dans sa famille où elle est la bienvenue. Elle se sent heureuse, appréciée et bien considérée dans son travail. Elle reprend même des cours de comptabilité et obtient une promotion. Tout va pour le mieux lorsqu’elle apprend une très mauvaise nouvelle concernant sa sœur. Elle se sent obligée de retourner en Irlande où peu à peu elle oublie Brooklyn et les liens qu’elle y a créés. Un nouvel amoureux se manifeste, un bon parti, très riche qui la dédaignait auparavant. Elle a tendance à oublier son amour d'Amérique et envisage de rester sur l’île mais le passé la rattrape et un coup de téléphone la rappelle à l’ordre.
J’ai beaucoup aimé ce roman où on suit presque pas à pas l’héroïne, une jeune femme typique de ces années-là, très loin des habitudes et de l’éducation actuelles, une véritable héroïne du quotidien. Elle semble tout d’abord très effacée, modeste, banale, discrète, sans grande personnalité, écrasée entre sa mère si fière et digne malgré la misère mais rigide et silencieuse et Rose, sa sœur rieuse et séduisante mais toute dévouée à sa famille. Peu à peu on découvre une Eilis plus sûre d’elle, plus indépendante, plus légère, plus responsable aussi.
J’ai surtout apprécié la maîtrise de l’auteur dans l’approche de ses personnages. J’ai fini par les connaître tous de très prés, même les plus secondaires, comme si moi-même j’étais devenue une des protagonistes de l’histoire, une de ces présences silencieuses dont Eilis est entourée, qui ne disent jamais rien mais qui savent tout de sa vie cependant, dans les moindres détails. Le nœud de l’histoire se trouve là d’ailleurs, dans le poids de la communauté qui pèse sur chaque destin de ces exilés les rappelant aux règles et aux rites de leur lieu de naissance. Il n’est pas si facile de se libérer complètement de son passé et de ses origines.
Un beau roman.
"Personne de sa famille ne pouvait l'aider. Elle les avait tous perdus. Ils ne seraient jamais informés de ce qu'elle endurait en ce moment; elle n'en parlerait pas dans ses lettres. Et pour cette raison , comprit-elle, ils ne sauraient plus jamais vraiment qui elle était. Peut-être ne l'avaient-ils jamais su, songea-t-elle aussitôt après. Car si ç'avait été le cas, ils auraient deviné ce que ce départ signifierait pour elle."
Brooklyn de Colm TÓIBÍN ( Robert Laffont, Coll. Pavillons, 2011, 314 pages) Traduit de l'anglais (Irlande) par Anna Gibson.
Challenge de Kathel (Irlande)
Il a l'air intéressant, et ton résumé donne envie !
RépondreSupprimerJe découvre cet auteur grâce à toi, ton billet m'inspire, merci Mango.
RépondreSupprimerJe te souhaite une très belle semaine
J'aime beaucoup Toibin. J'avais lu quelques avis mitigé sur celui-ci mais ton billet m'a convaincu de le lire.
RépondreSupprimerUne envie subite de rentrer et de lire...
RépondreSupprimerBonne semaine
Je l'ai lu récemment avec beaucoup d'attentes (trop peut être) et un peu de déception
RépondreSupprimerUn roman qu'on m'avait offert et je me suis rappelée il y a quelques jours que je ne l'avais pas encore lu... J'en ai lu de très bon commentaires, le tien n'y déroge pas!
RépondreSupprimerBonne semaine
Schlabaya, je le trouve très réussi.
RépondreSupprimerKenza, Belle semaine à toi aussi. C'est une très belle surprise, ce roman.
RépondreSupprimerlewerentz, je ne connaissais pas encore cet auteur mais je le suivrai désormais.
RépondreSupprimerÖtli, Pas d'événements hors du commun ici,juste des moments de vie dans un temps et des endroits bien précis qui donnent une réelle beauté à ce roman.
RépondreSupprimerJe suis toujours subjugué par l'intensite de la vie de ces héroînes qu'on a souvent tendance à disqualifier devant la condescendance de nos "tuteurs virils"à prendre en charge les affaires de la famille!
RépondreSupprimerUn découverte pour moi cet auteur.
RépondreSupprimerCe livre a l'air en effet très intéressant. J'aime beaucoup me plonger dans des moments de vie.
ça a l'air chouette! je note!
RépondreSupprimerTrès tentant ! Et je me demande quelle est la nature de ce fameux coup de fil ! A lire :)
RépondreSupprimerSuperbe roman, ma Souris l'a également adorée
RépondreSupprimerun auteur dont je vais chercher d'autres titres, peux tu m'en conseiller un ?
bizak, ces jeunes femmes étaient vraiment très courageuses et dévouées à leurs familles .
RépondreSupprimerDelphine, Je le regrette vraiment.
RépondreSupprimerEmilie, J'ai hâte de savoir ce que tu vas en penser.
RépondreSupprimerdimitri, C'est exactement ça: une véritable plongée dans la vie de cette jeune femme.
RépondreSupprimerEdelwe, Tu as raison car c'est une lecture très agréable
RépondreSupprimerCynthia, Une telle annonce coupe forcément l'existence et remet en cause tous les choix de vie précédents.
RépondreSupprimerMichel, Pour ma part,le prochain roman que je lirai de cet auteur sera:"Le Maître" dont j'ai lu beaucoup de bien.
RépondreSupprimerun auteur qui sait changer de genre ! j'avais bien aimé son livre sur Henry James et je vais regarder celui là avec bienveillance
RépondreSupprimerJ'avais aimé ce roman, même si il me semble que contrairement à toi, je ne l'avais pas trouvé assez profond.
RépondreSupprimerL'Ogresse m'avait déjà tenté et tu en rajoutes une couche. Je finirai bien par le lire un jour, ce roman.
RépondreSupprimer