D'un coup d'éventail fut fêlé:
Le coup dut l'effleurer à peine:
Aucun bruit ne l'a révélé.
Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre
En a fait lentement le tour.
Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé;
Personne encore ne s'en doute;
N'y touchez pas, il est brisé.
Souvent aussi la main qu'on aime;
Effleurant le cœur le meurtrit;
Puis le cœur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt.
Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde;
Il est brisé, n'y touchez pas.
Le vase brisé de Sully-Prudhomme (1839-1907)
Tableau de Edouard Manet (1832/1883)
Tableau de Edouard Manet (1832/1883)
Quel magnifique poème ! merci.
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas ce tableau de Manet... bon dimanche !
RépondreSupprimerÇa alors, j'ai justement ce poème chez moi encadré et accroché au mur ! J'ai quelques écrits comme celui-ci, que j'aime, et qui ornent les murs.
RépondreSupprimerL'association avec le tableau de Manet est parfaite. Je n'y avais pas pensé, mais il est vrai que les 2 se complètent à merveille.
je connaissais ce poème que je relis avec plaisir Les vers sont splendides Bon dimanche
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