L‘art de nuire est celui de la calomnie pratiquée par la famille tutrice de Mademoiselle de Carvoisin, une jeune fille noble mais orpheline, élevée comme il se devait à Saint-Cyr où elle connaîtra sa bienfaitrice, la duchesse de Chartres, future mère du roi Louis-Philippe. Cette histoire se passe sous Louis XV et il est dit que Tous les personnages nommés, même une fois, ont existé et toutes leurs lettres ou notes citées sont authentiques de même que les événements de la petite et de la grande Histoire qui apparaissent en fond.Contrairement à toute attente, à sa sortie du couvent, la jeune fille soumise et ignorante des réalités sociales de son époque, que l’on peut flouer comme on veut, apprend vite à se méfier de sa tutrice jalouse et avare et à préférer un amour réel mais pauvre à un vieux beau très riche mais indifférent. Rien dès lors ne sera simple dans sa vie. L’idée du bonheur était encore trop neuve en Europe.
Ce petit livre (138 pages) m’est tombé du ciel ou plutôt il est apparu dans ma boîte aux lettres de façon tout à fait inespérée car je n’en avais jamais entendu parler et n’avais rien demandé.
Je n’ai pas attendu longtemps pour le dévorer, vu la couverture et ce qui est dit de l’auteur dont c’est le premier roman mais qui est plongé dans les archives du XVIIIe siècle depuis une bonne vingtaine d’années. Or j’aime ce siècle et je vénère les amateurs d’archives qui s’abîment les yeux à scruter les anciens écrits pour faire revivre nos ancêtres. Il m’a plu tout de suite tant par le thème, l’héroïne et son histoire que par le style très soigné.
Ainsi des premières lignes:
Tout, dans la personne de Mme d’Achy, annonçait son refus farouche de l’âge, sa volonté de paraître charmante, avec néanmoins un certain quant-à-soi de pruderie, légère concession de sa part à l’évidence de l’envol de sa première fraîcheur, mais qui la conduisait, malgré toute sa réticence, au statut cruel d’ancienne jolie femme. Elle en concevait une amertume singulière, d’autant plus inattendue de la part de quelqu’un d’aussi lucide qu’elle, ce qui ne l’en désespérait que davantage, dans ce vain combat qu’elle se livrait à elle-même et qu’elle perdait à chaque instant. Elle en était venue au point de ne plus pouvoir tolérer le moindre air de jeunesse chez les autres femmes de sa parenté et de son entourage. Et quand la malchance conjuguait ce bonheur aux traits de la beauté, cela lui devenait plus qu’intolérable: cela la rendait ivre de jalousie et de méchanceté, ce que la prudence la forçait de dissimuler aux yeux de tous, grâce à ce sourire empreint de mélancolie qu’elle avait récemment adopté, à peine démenti par l’acuité de son regard, seule mise en garde qu’elle n’avait pas encore su adoucir.Ce livre m'a enchantée tout un après-midi.
L'Art de nuire - Pierre HOUDION
Encore un titre qui, à lui seul, est un programme qui donne envie. Ma pile des à lire étant ce qu'elle est, j'envoie tout de même les références à quelque passionné de ma connaissance ;)
RépondreSupprimerPour tous, bien sûr mais spécialement pour les amoureux du beau style.
SupprimerJ'aime bien les trucs tombés du ciel, c'est souvent grâce à ça qu'on fait de belles découvertes !
RépondreSupprimerExact! Rien de plus barbant que les lectures imposées!
SupprimerJamais entendu parler de l'auteur ni de l'éditeur. Maintenant, j'avoue que le sujet me tente moyennement...
RépondreSupprimerL'art de nuire ou l'art vache et méchant! Quel pouvoir pouvait avoir la calomnie dans cette société et ce milieu aristocratique!
SupprimerCe n'est pas un livre pour moi mais ton enchantement fait plaisir !
RépondreSupprimerC'est vrai, cette lecture a été enchanteresse!
SupprimerJe sens que ce livre pourrait m'enchanter également car j'aime le XVIIIe.
RépondreSupprimerL'histoire ne traîne pas et ce roman se dévore!
SupprimerJe sens que cela m'aurait plu!!!
RépondreSupprimerIl te plairait sûrement!
SupprimerJ'aime beaucoup cette période histoire. Je le note (^o^)
RépondreSupprimerTu as bien raison!
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