Tous les ans, on raconte des histoires autour du feu de camp. (…) Année après année, on répète les mêmes histoires – épouvantables, terrifiantes et véridiques- et il y a toujours des filles pour se cacher le visage dans les mains pendant le récit.
Un jour il y eut celle-ci:
La jeune fille qui, un après-midi d’été, file en douce de
Pine Ridge, la colo des pom-pom girls, avec deux copines dans une petite
voiture de sport rouge, et qui sourit à deux garçons à bord d’un break mangé par
la rouille.
Ainsi est-on averti, dès l'avant-propos, qu'il va se passer quelque chose d'atroce dans un récit en apparence léger et charmant dont les héroïnes sont trois jeunes américaines qui passent quelques jours d'été vers la fin des années 70 dans un camp de vacances pour pom-pom girls. Un jour, elle décident de fausser compagnie à leur groupe pour aller se baigner dans un mystérieux lac tout proche. Elles sont gaies, insouciantes, un peu exaltées dans leur décapotable et lorsqu'elles rencontrent deux garçons dans une voiture toute rouillée, Krystie, la narratrice toujours aimable et de bonne humeur, ne peut s'empêcher de leur sourire. A partir de ce moment, les jeunes gens les suivent et essaient de les poursuivre mais leur voiture n'en est pas capable. Cependant l'impression d'être suivies en permanence et épiées ne quitte plus les trois amies. Un climat d'angoisse s'installe y compris pour le lecteur. Les deux voitures se croisent à nouveau et le pire peu à peu s'installe.
Je croyais avoir deviné la suite mais j'étais très loin du compte et n'ai rien vu venir. La fin m'a laissée sans voix; je ne m'y attendais pas du tout et c'est la force du récit d'obliger le lecteur à reconsidérer toute l'histoire avec ce qu'il sait désormais.
On a parfois reproché à l'auteur de trop laisser traîner l'arrivée du coup de théâtre mais pour moi c'est ce qui fait toute la force de l'aventure.
Je compte bien lire d'autres romans de Laura Kasischke maintenant.
Rêves de garçons de Laura Kasischke, (Livre de Poche, Christian Bourgois éditeur, 2006, /2009, 250 pages) titre original: Boy Heaven, Traduit de l'anglais (États-Unis) par Céline Leroy.
Merci au livre de Poche pour ce partenariat.
Moi qui oublie toujours la fin des livres, celle-là, ça ne risque pas.Quelle maîtrise de la narration ! C'est une auteur que j'apprécie beaucoup.
RépondreSupprimerJe ne risque pas non plus d'oublier le retournement de situation. C'est un récit court finalement mais qui a tout d'un grand et gros volume, du moins est-ce ainsi que je le ressens. Il y aurait de quoi faire un beau film avec cette histoire!
SupprimerJe tourne autour depuis longtemps, mais sachant que ce qu'il y a dedans est terrible, j'hésite.
RépondreSupprimerTu as lu pire, je t'assure, sauf la révélation finale mais c'est si rapide! Je préfère ne pas en dire plus pour laisser le suspense!
SupprimerJe l'avais lu au moment de sa sortir. C'est vraiment très bien construit, l'auteur sait y faire pour surprendre le lecteur !
RépondreSupprimerAh oui, franchement,elle sait y faire! Je suis pourtant pas mal rodée en matière de fin surprenante mais là, j'étais tellement partie dans une autre direction!...
SupprimerJe l'ai adoré aussi pour sa chute. De toutes façons, tous les livres de Laura K. m'ont énormément plu.
RépondreSupprimerMerci de me le dire car c'est le premier livre de cette auteur que je lis mais sûrement pas le dernier.
SupprimerAh il est dans ma PAL et ce n'est pas le seul titre de cette auteure qui attend son tour ^^Je ne la connaissais pas mais le parallèle avec Oates m'avait intriguée. "Les revenants" devrait également te plaire, même si la fin n'est pas aussi inattendue.
RépondreSupprimerQuant à celui-ci,ton billet et le commentaire de Ys attisent vraiment ma curiosité !
Elle est très forte pour établir un climat, guider son lecteur vers une piste et lui en faire prendre une autre ensuite, sans aucune invraisemblance! Ça me plaît, cette maîtrise-là!
SupprimerComme Cynthia j'ai un de ses romans dans ma PAL, mais celui-ci me tente aussi depuis longtemps et si on la compare à Oates (re-Cynthia) ses romans devraient me plaire.
RépondreSupprimerJe le crois aussi. Classique,imaginative, précise et dans un style à la fois épuré et élégant, que veux-tu de mieux?
SupprimerHum
RépondreSupprimer"Ainsi est-on averti, dès l'avant-propos, qu'il va se passer quelque chose d'atroce dans un récit en apparence léger et charmant"
Moi je préfère qu'on me laisse la découverte...Qu'on ne me prépare pas ainsi.
Mais bon, je pourrais me laisser tenter à nouveau, après une lecture en demi teinte de l'auteur.
C'est une façon de tenir son lecteur en alerte car pendant une bonne partie du récit tout se déroule normalement, sauf que l'on attend le fameux évènement auquel l'avant-propos nous a préparés. Non, je trouve que c'est très astucieux au contraire!
SupprimerJ'espère avoir le temps d'en lire un autre de Kasischke cette semaine !! Tu attises ma curiosité, là...
RépondreSupprimerJe te le souhaite. Je sais que j'ai très envie d'en lire un autre aussi!
SupprimerRien à voir...mais...comme j'aimerai être sur cette terrasse que l'on voit sur ta banière !
RépondreSupprimerVoilà une auteure dont j'ai lu tous les romans traduits ( ce n'est pas si courant)et je les ai tous aimés aussi ( sauf le premier peut-être). Ensuite tu pourrais lire le tout dernier " les Revenants", ou encore "Un monde parfait". Ses roman ont l'air tout simples en apparence, mais je les trouve vraiment subtils et même poétiques sur certaines pages. En outre, les intrigues sont fortes et bien menées ce qui ne gâche rien.
RépondreSupprimerIl me fait de l'oeil depuis un moment. Je vais bien finir par le lire....
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé ce roman, quelle claque. J'ai moins apprécié "A moi pour toujours".
RépondreSupprimerJe l'ai découverte il y a peu avec "Un oiseau blanc dans le blizzard" et pareil, j'ai eu l'impression de prendre une claque ! J'adore son style, mi-poétique, mi-grinçant, je note celui-ci, justement je ne savais pas avec lequel j'allais continuer !
RépondreSupprimerLe principe de l'histoire autour du feu, à l'intérieur de l'histoire, ressemble beaucoup à celui du Tour d'Écrou de Henry James, qui commence ainsi : "The story had held us, round the fire, sufficiently breathless, but except the obvious remark that it was gruesome, as, on Christmas Eve in an old house, a strange tale should essentially be, I remember no comment uttered till somebody happened to say that it was the only case he had met in which such a visitation had fallen on a child..."
RépondreSupprimerCette auteure est encensée par tout le monde... Alors que ma seule rencontre avec elle fut un désastre. Il faudrait peut-être que je fasse une autre tentative...
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