Ma Vénus, mon Amour, dit Ronsard à Hélène

Je voy mille beautez, et si n'en voy pas une

Qui contente mes yeux: seule vous me plaisez:

Seule quand je vous voy, mes sens vous appaisez :

Vous estes mon Destin, mon Ciel et ma Fortune,

Ma Venus, mon Amour, ma Charité, ma brune,

Qui tous bas pensemens de l'esprit me rasez,

Et de belles vertus l'estomac m'embrasez,

Me soulevant de terre au cercle de la Lune.

Mon œil de voz regards goulument se repaist :

Tout ce qui n'est pas vous luy fasche et luy desplaist,

Tant il a par usance accoustumé de vivre

De vostre unique, douce, agréable beauté.

S'il pèche contre vous, affamé de vous suivre,

Ce n'est de son bon gré, c'est par nécessité.

Pierre de Ronsard - Le Second Livre des Sonnets pour Hélène (1578), sonnet XXXI

Égérie de Ronsard, Hélène de Surgères fut aussi son dernier amour. Après vingt-trois années passées à la Cour, en Piémont comme en France, elle décide de retourner sur ses terres, berceau de son enfance, pour y retrouver sa famille. Avec Catherine de Médicis et Agrippa d'Aubigné, avec Ronsard et Charles son frère, avec monsieur de Kergoff et sa fidèle Adeline, on suit ici Hélène durant son voyage de retour vers Surgères.