mardi 16 juillet 2013

Station Rome, Vincent Pieri, Premier roman

C'est l’histoire d’un pianiste, brillant élève du conservatoire de la rue de Rome à Paris, ( avant que celui-ci ne soit déplacé à la Villette)  qui a tout quitté par désespoir amoureux pour une violoncelliste immensément douée mais très spéciale.  
Il  vit désormais en clochard  dans la station de métro toute proche. Il essaie avant tout  d'éviter les foyers,  de se maintenir propre et de se montrer bien élevé lorsqu'il est obligé de faire la manche. Son seul plaisir est d'écrire son journal dans des petits carnets qu'il cache ensuite soigneusement pour qu'ils ne soient pas volés.  Son destin est lié à celui d'une très jeune femme  qu'il remarque dans cette station de métro et qui devient son élève car elle se révèle  une violoncelliste hors pair.  Il se met à la guetter tous les jours. Lui rappelle-t-elle son passé?  Il lui semble la voir partout.
Peu à peu il se met à changer.  La fin  est  alors ...  (non , mieux vaut ne pas le dire!)

J'ai beaucoup aimé. Lu d'une traite en un après-midi de dimanche ensoleillé mais l'ambiance de ce roman est nocturne et ténébreuse et m'a beaucoup impressionnée d'autant plus que le style sans reproches de ce journal intime rend crédible l'opposition constante entre la réalité sordide dans laquelle s'est enfermé le personnage et le rappel constant de ses dons et de ses souvenirs musicaux. C'est sa force, son mystère, sa folie ... mais qui est-il vraiment et quel est son nom?  Entre la gloire des podiums, l'ensorcellement amoureux, le vacarme  du métro et la musique silencieuse de sa mémoire, est-il encore quelqu'un ou n'est-il déjà plus personne? 
Beaubourg, 16 h 53  -  J'ai vu mes doigts engourdis se mouvoir contre mon gré, accompagner puis se substituer aux mains de Martha Argerich. Ils  se souviennent et frappent la table, emportés par le rythme. Sonate en ré mineur de Scarlatti, mouvement allegro final. J'ai ôté le casque pour achever le morceau tout seul avec ma musique, l'interprétation que je suis le seul à entendre. La jeune femme assise en face de moi vient de lever la tête. Nos regards se croisent. Elle doit me prendre pour un fou. Un mec qui joue du piano sur une table blanche, les ongles noirs de crasse, elle ne doit pas en rencontrer tous les jours. (p.94)
Rome, 16 h 31 - Creux de la journée. peu de passage. J'aimerais bien qu'on me touche. Pas forcément beaucoup. Juste qu'on me prenne la main. (p.131)
 Station Rome, Vincent Pieri, (Mercure de France, 2013, 240 p.) 

"Vincent Pieri est professeur de lettres en Île-de-France. En 2004, il part aux Philippines comme volontaire humanitaire pour Enfants du Mékong." 

Prix Edmée de la Rochefoucauld 2013

10 commentaires:

  1. Je le note, sans précipitation, même si j'ai tout de même un peu de mal avec d'improbables personnages dans la rue (la réalité est plus tristement banale).

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    1. Bonjour Aifelle! L'auteur dit s'être beaucoup documenté et avoir rencontré plusieurs personnes dans cette situation qui ont parfois des parcours bien étonnants - sans nier que beaucoup présentent aussi des troubles psychologiques, ce qui explique en grande partie leur choix de vie, si choix véritable il y a d'ailleurs! L'essentiel pour moi est que ce livre se lise avec plaisir.

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    2. Aifelle (suite) Je ne peux pas afficher ton blog pour un "service temporairement inaccessible", me dit "canal plateforme!" Je retenterai plus tard!

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    3. Canalblog était en maintenance pendant presque deux heures ce matin, maintenant tout est rentrée dans l'ordre -:))

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  2. Tu me tentes et en plus c'est un premier roman !

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  3. Il me tente bien aussi, l'ambiance "musique" bien que noire me plairait, je note sans me hâter, moi non plus !!! :)

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  4. Moi aussi, je note. Premier roman, musique, dans le métro... et je l'ajoute à ta liste Premiers romans.

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  5. Très interessant, ça me rappelle un bouquin que j'ai lu récemment, "Châtelet-Les Halles" d'Alex Gaspard. Un petit chef-d'oeuvre à mon goût. Il brosse un tableau à la fois romanesque et hyper-réaliste de la société parisienne d'aujourd'hui. Les scénarios sont très bien ficelés, avec des références historiques et culturelles fidèles. Un peu philosophique parfois. Chaque histoire est un univers. Une vraie plume. Y'a quelques extraits sur http://gaspardmetskaia.blogspot.com
    Si vous avez d'autres bons bouquins récent à me conseiller, idéalment sur Kindle ou Kobo, je suis preneur ;-) Mathieu

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  6. Voilà qui m'a l'air d'être un excellent roman. Tu as le don de dénicher des perles!

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  7. J'espère que la fin ....
    Je le lirai, c'est sûr !

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