En cours de lecture du beau livre de Joan Didion: Le bleu de la nuit, je suis frappée du nombre de renseignements et de précisions que l'auteur apporte dans son témoignage pour évoquer sa fille Quintana récemment défunte. Un seul exemple (pages 98/99)
Connie Wald, vêtue de l’un des nombreux tailleurs Chanel déployés cet après-midi-là, en l’occurrence un tailleur en tweed bleu et crème à lisérés en soie rose cyclamen. C’est Connie qui avait offert à Quintana l’une des deux longues robes blanches qu’elle porta à l’église et ensuite. A quatre-vingt-dix ans passés, jusqu’au moment où elle déclara une neuropathie, Connie nageait encore tous les jours. La maladie la força à réduire son régime quotidien de longueurs de piscine et à ne plus faire seule le tour de Beverley Hills au volant d’une vieille Rolls-Royce, mais pour le reste elle continua à mener exactement la même vie qu’avant. Elle portait toujours les robes Claire McCardell qu’on lui avait offerte quand elle était mannequin pour McCardell dans les années 1940. Elle recevait toujours à dîner deux ou trois fois par semaine, faisait elle-même la cuisine, mélangeait les jeunes et les anciens de telle sorte que tous les convives étaient ravis, allumait d’immenses feux de cheminée dans sa bibliothèque et parsemait les tables d’amandes salées et d’énormes vases regorgeant de nasturtiums et des roses qu’elle continuait de cultiver elle-même. Connie avait été la femme du producteur Jerry Wald, qui avait servi, dit-on, de modèle à Budd Shulberg pour le personnage de Sammy Glick dans « Qu’est-ce qui fait courir Sammy?» et qui était mort quelques années avant notre rencontre.
J'arrête souvent ma lecture pour voir de qui elle parle exactement. Ce n'est pas déplaisant mais me rappelle que son public est celui de son pays et encore celui des personnes aisées, intellectuelles, à la mode. Peut-on parler de People dans ce cas?
Connie Wald, Diana Wald, l’épouse du producteur Jerry Wald, était connue pour rassembler des célébrités à son domicile de Beverly Hills, pour des dîners élégants mais sans prétention. Clark Gable. Joan Crawford. Errol Flynn. Gary Cooper. Audrey Hepburn.Jimmy et Gloria Stewart. Harrison Ford. Angelica Huston.Joan Didion, Dominick Dunne. Diane Keaton. Woody Allen. Gregory Peck. Gore Vidal. Mae West. Maurice Chevalier entre autres ont été ses hôtes. Elle est morte en 2012, à 96 ans
C'est dans cet endroit qu'elle recevait ses invités.
j'aime beaucoup joan didion que je connais en tant que scénariste, en compagnie de son époux décédé, mais je n'ai pas osé me lancer dans les lectures autobiographiques sur la perte de sa fille et de son mari
RépondreSupprimerJe trouve cette démarche très belle même si je craignais d'aborder ce thème du deuil auparavant mais c'est très réussi!
SupprimerJ'ai lu L'année de la pensée magique de Joan Didion, sur les temps qui ont suivi la mort de son mari... C'est un texte tellement plein de sincérité !
RépondreSupprimerOui et celui-ci l'est aussi même si le niveau où elle aborde ce nouveau deuil est moins ambitieux et plus simple finalement mais tout aussi bien.
SupprimerJ'aimerais ivre dans un tel salon-bibliothèque, qu'est-ce que ça a l'air chaleureux ! J'ai toujours L'année de la pensée magique dans ma PAL (grâce à toi).
RépondreSupprimerJ'espère que tu l'apprécieras à ton tour!
SupprimerOh la belle bibliothèque !!!
RépondreSupprimerUn rêve! :)
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