Ordo - Donald E. Westlake, traduit par Jean-Patrick Manchette

Mon nom est Ordo Tupikos, et je suis né à North Flat (Wyoming) le 9 novembre 1936.

Ainsi commence le  roman de  Donald Westlake, le romancier américain qui , sous divers pseudonymes, a publié une bonne centaine de livres  dans la Série noire avant de disparaître d'une crise cardiaque, le 31 décembre 2008,  au Mexique, où il s'était rendu  pour fêter le réveillon.

Les amateurs, grands connaisseurs de l'auteur,  disent qu'Ordo,  sans être  un polar, fait partie de ses meilleurs livres, parmi les plus passionnants, avec Levine, Adios Schéhérazade ou Anarchaos.  Il a donné lieu à un film du même nom tourné par Laurence Ferreira-Barbosa.

L'histoire est toute simple et m'a fait penser par certains côtés aux récits de Fitzgerald dont la dernière phrase de Gatsby le Magnifique  pourrait résumer à elle seule la courte histoire du héros de  Westlake évoquée ici:

 Car c'est ainsi que nous allons, barques luttant contre un courant qui nous ramène sans cesse vers le passé. 

Ordo est un quartier-maître de la marine américaine, tranquille et sans histoires,  lorsqu'un jour ses amis découvrent sur un journal qu'il avait été marié à Dawn Devayne, la grande vedette de cinéma d'alors dont tous les hommes sont fous. Ordo croit qu'ils plaisantent et nient les faits mais il doit se rendre à l'évidence quand il se rend compte que la star n'est autre que  Estelle Anlic, la jeune fille de seize ans épousée  bien des années auparavant et dont le mariage avait été annulé par sa belle-mère en raison de la minorité de sa fille.

Il ne la reconnaît pas tant elle a changé physiquement  alors qu'il est resté le même.

Peu après, il réussit à se faire  inviter chez elle  dans sa grande et belle villa, au milieu de ses amis. Elle a gardé un bon souvenir de lui et ils redeviennent amants mais... il faut lire la suite ...

Peut-on effacer le passé?  Peut-on revenir en arrière et  recommencer  de la même façon?  Faire comme si?

C'est un livre tendre, plein de mélancolie, frémissant d'émotions contenues, trépidant de sentiments enfuis, d'espoirs et de désillusions sur fond de résignation et de poésie.  C'est simple.  C'est à la fois triste et beau. Une histoire de silence et d'oubli. La vie, en somme.

Ordo -  Donald E. Westlake, traduit par  Jean-Patrick Manchette.  Roman (poche). 1995, 116 p. 

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