Au printemps de 1650, Madame de Sainte-colombe mourut. Elle laissait deux filles âgées de deux et
six ans. Monsieur de Sainte Colombe ne se consola pas de la mort de son épouse.
Il l’aimait. C’est à cette occasion qu’il composa le Tombeau des Regrets.
C'est avec l' annonce de cette mort - dont le héros ne se remettra jamais - que s'ouvre le récit adapté au cinéma par Alain Corneau avec les Depardieu, père et fils et Jean-Pierre Marielle en Monsieur de Sainte-Colombe.
Mais c'est du seul roman qu'il est question ici.
Le récit commence avec cette mort dont le musicien Sainte-Colombe ne se remettra jamais. Il consacre le reste de sa vie à l’éducation de ses filles et à la musique, qu’il compose et joue en secret dans sa chambre.
Il vit chichement dans une maison au bord de la Bièvre où il enseigne la viole.
C’était un maître réputé. Il appartenait à la société qui fréquentait Port-Royal.
Il refusa à maintes reprises de se soumettre à Louis XIV qui le
voulait à son service.
Il était gauche dans l’expression de ses émotions; il ne savait pas faire les gestes caressants…. Il était plein d’embarras mais il était capable de gaieté.Il était aussi violent et courrouçable qu’il pouvait être tendre.Il était sujet à des colères sans raison qui jetaient l’épouvante dans l’âme des enfants parce que, au cours de ces accès, il brisait les meubles en criant: «Ah! Ah!», comme s’il étouffait.
Avec difficulté, il acceptera comme élève le jeune Marin Marais qui, plus tard, deviendra un musicien brillant à la cour de Versailles, après avoir séduit et abandonné les filles de son maître dont l’une se pendit Bien plus tard encore, il reviendra tous les soirs l’espionner pour tenter de s’approprier les partitions géniales du musicien vieillissant. Tout se termine en apothéose! Une fin magnifique.
J’ai aimé ce portrait d’un artiste totalement dédié à son art, ayant choisi le côté sévère et dépouillé des amis de Port-Royal, le parti janséniste du siècle plutôt que la gloire, le luxe et les ors de Versailles.
Le style de Pascal Quignard, tout en phrases courtes, sèches et contrôlées suit ce choix de la sobriété et des sentiments retenus.
On a parlé à son propos de style poétique.
Un style tout en pudeur et retenue
comme le tableau de Lubin Baugin, "Le dessert de gaufrettes", peint en 1631 que le maître et l'élève vont ramener de l'atelier du peintre, moment d'initiation important. dans le récit.
Tous les matins du monde, roman, Pascal Quignard (Gallimard, 1991, 136 p.)
Accueil mitigé chez Cynthia.
Monsieur de Sainte Colombe et Marin Marais
Heureuse coïncidence. Ce soir, dans l'émission "La grande librairie" sur Arte, le musicien catalan espagnol Jordi Savall, a joué du Marin marais sur sa viole de gambe.
Je n'ai lu qu'un seul livre de cet auteur Les solidarités mystérieuses et je l'avais trouvé magnifique !
RépondreSupprimerJ'ai envie de lire un autre livre de Quignard. Je vais en librairie dans la journée; je retiens donc "Les solidarités mystérieuses". Merci de l'info!
SupprimerUn auteur que j'ai très envie de découvrir. J'ai écouté aussi la musique de Jordi Savall hier soir, c'était très beau.
RépondreSupprimerBien envie aussi de continuer à lire cet auteur.
SupprimerLu, lu et relu : il était au programme des Terminales L pendant deux ans de suite ! Je le connais par coeur, du coup, et je dois dire que ces lectures nombreuses auront été nécessaires pour que je l'apprécie !
RépondreSupprimerIl doit paraître un peu sec et dur à la première lecture, surtout dans la perspective d'un examen. Que tu le saches par cœur est un bel exploit mais qui ne m'étonne pas outre mesure étant donné ses phrase brèves mais belles et précises. Il est si riche, ce roman, qu'on doit en découvrir de nouveaux aspects à chaque relecture!
SupprimerLe style "tout en phrases courtes, sèches et contrôlées" me séduit beaucoup. C'est un auteur que je n'ai jamais lu, ce serait l'occasion idéale.
RépondreSupprimerJe suis presque sûre que tu l'aimerais beaucoup. Il doit être sorti en Poche , je suppose!
SupprimerJ'avais adoré le film !
RépondreSupprimerIl me reste à le voir maintenant!
SupprimerComme Alex, j'avais apprécié le fil et la confrontation avec le père et le fils Depardieu. J'ai ce livre dans ma PAL depuis un temps certain, je vais le lire assez vite, je crois.
RépondreSupprimerUne vraie découverte et une belle surprise, comme il arrive parfois sans qu'on s'y attende braiment.
SupprimerTrès beau livre (et le film d'Alain Corneau était beau aussi !) Je vais enregistrer la rediffusion de La grande librairie !
RépondreSupprimerJe vais commander le DVD. Je suis curieuse de voir ce film.
SupprimerUne des rares oeuvres dont j'ai autant apprécié la version écrite que la version filmée. Souvent on aime le film et pas le livre ou vice versa, là tout est bon
RépondreSupprimerTant mieux. J'ai tellement souvent été déçue par les films après avoir lu le livre! Tant mieux si ce n'est pas le cas cette fois-ci!
SupprimerJe n'en garde pas un bon souvenir. Je m'étais ennuyée...
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