Je suis le ténébreux, - le veuf, - l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie
Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.
Suis-je Amour ou Phébus ? ... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron ;
Modulant tout à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Gérard de Nerval, (1808/1855), Les Chimères (1854)
Autoportrait de Lucian Freud (1822/20 juillet 2011)
Nerval fait parti de mes poètes préférés. Le portait de Lucien Freud lui donne une autre coloration.
RépondreSupprimersans doute un de mes poèmes préférés ne serait-ce que popur ce vers fabuleux : "ma seule étoile est morte, et mon luth constellé porte le soleil noir de la mélancolie", un vers que j'ai fait mien !
RépondreSupprimerUn très joli poème.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup aussi cet autoportrait. Tout est très harmonieux.
Un poème magnifique dont on ne se lasse pas !
RépondreSupprimerSublime! Merci de partager ce beau poème...
RépondreSupprimerdimitri,J'ai trouvé qu'il convenait bien.
RépondreSupprimerIrrégulière, Il est parmi mes préférés.
RépondreSupprimerElisabeth, un très beau poème.
RépondreSupprimerQuel beau texte!
RépondreSupprimerbeau contraste entre un sommet du romantisme et l'autoportrait du peintre qui en était le plus éloigné. et étonnamment ça résonne. peut-être parce que maintenant il nous manque.
RépondreSupprimer