L’éditeur présente ainsi ce petit livre :
Dans les collines du Piémont, les hivers sont rudes et les étés brûlants. Les enfants y grandissent librement au milieu de vignes. Ils découvrent l'amitié et l'amour, mais aussi la solitude et la mort.
Dans ces quelques nouvelles lumineuses, Pavese nous guide à travers les paysages de sa jeunesse, lieux et moments magiques qui ont profondément marqué toute son oeuvre.
Cesare Pavese ( 1908-1950) est depuis toujours un de mes auteurs italiens favoris, non seulement pour son journal intime : «Le métier de vivre», paru peu après son suicide en août 1950, à 42 ans, non seulement pour son engagement politique contre Mussolini et son parti fasciste qui lui valut un an d’emprisonnement, ni même pour ses courts récits et ses romans si bien écrits soient-ils, mais surtout pour cet état de grâce, cette petite musique, cette nostalgie issue de l’enfance qui me captive et m’envahit à chaque lecture.
Dans «Le blouson de cuir», Ceresa est un patron d’auberge qui aime le Pô, les barques et ses clients. C’est pourquoi la jeunesse du coin afflue chez lui : on y joue, on y boit, on y rit et on y pèche aussi. L’ambiance est excellente : l’homme au blouson de cuir sait s’amuser et le jeune narrateur passe auprès de lui toutes ses grandes vacances. «Quand il y avait Ceresa, il y avait toujours de bons moments : on était en maillot dans l’eau, on préparait le goudron, on vidait les barques, et à la belle saison, on goûtait avec le seau de raisin sur la table, sous les arbres. Les filles qui allaient en barque s’arrêtaient pour plaisanter sous l’appentis.» Un jour cependant une servante plus attirante et plus délurée que les autres arrive et rien ne sera plus pareil…
Cette histoire ne m'a pas déçue, au contraire, j’y ai retrouvé tout ce que j’apprécie chez Pavese. Elle évoque une histoire d’adultes racontée par un enfant au seuil de l’adolescence qui a tout vu de cette aventure cruelle, tout deviné de ces solitudes et de cet amour mal vécu qu’il raconte pour y avoir participé comme témoin mais sans vraiment comprendre. A trop vouloir le protéger en raison de son âge, on l'a angoissé et c'est ce que l'on perçoit à travers tout le récit : la sensibilité exacerbée de celui qui devine la tragédie sans pouvoir l'éviter.