dimanche 20 mars 2011
Aimons toujours, aimons encore, poème de Victor Hugo. L'âme en fleur
Aimons toujours! aimons encore!
Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.
L'amour, c'est le cri de l'aurore,
L'amour, c'est l'hymne de la nuit.
Ce que le flot dit aux rivages,
Ce que le vent dit aux vieux monts,
Ce que l'astre dit aux nuages,
C'est le mot ineffable: Aimons!
L'amour fait songer, vivre et croire.
Il a, pour réchauffer le coeur,
Un rayon de plus que la gloire,
Et ce rayon, c'est le bonheur!
Aime! qu'on les loue ou les blâme,
Toujours les grands coeurs aimeront:
Joins cette jeunesse de l'âme
A la jeunesse de ton front!
Aime, afin de charmer tes heures!
Afin qu'on voie en tes beaux yeux
Des voluptés intérieures
Le sourire mystérieux!
Aimons-nous toujours davantage!
Unissons-nous mieux chaque jour.
Les arbres croissent en feuillage;
Que notre âme croisse en amour!
Soyons le miroir et l'image!
Soyons la fleur et le parfum!
Les amants, qui, seuls sous l'ombrage,
Se sentent deux et ne sont qu'un!
Les poëtes cherchent les belles.
La femme, ange aux chastes faveurs,
Aime à rafraîchir sous ses ailes
Ces grands fronts brûlants et rêveurs.
Venez à nous, beautés touchantes!
Viens à moi, toi, mon bien, ma loi!
Ange! viens à moi quand tu chantes,
Et, quand tu pleures, viens à moi!
Nous seuls comprenons vos extases;
Car notre esprit n'est point moqueur;
Car les poëtes sont les vases
Où les femmes versent leur coeur.
Moi qui ne cherche dans ce monde
Que la seule réalité,
Moi qui laisse fuir comme l'onde
Tout ce qui n'est que vanité,
Je préfère, aux biens dont s'enivre
L'orgueil du soldat ou du roi,
L'ombre que tu fais sur mon livre
Quand ton front se penche sur moi.
Toute ambition allumée
Dans notre esprit, brasier subtil,
Tombe en cendre ou vole en fumée,
Et l'on se dit: «qu'en reste-t-il?»
Tout plaisir, fleur à peine éclose
Dans notre avril sombre et terni,
S'effeuille et meurt, lys, myrte ou rose,
Et l'on se dit: «C'est donc fini!»
L'amour seul reste. O noble femme,
Si tu veux, dans ce vil séjour,
Garder ta foi, garder ton âme,
Garder ton Dieu, garde l'amour!
Conserve en ton coeur, sans rien craindre,
Dusses-tu pleurer et souffrir,
La flamme qui ne peut s'éteindre
Et la fleur qui ne peut mourir!
Mai 18...
Victor Hugo Contemplations, L'âme en fleur, XXII
Statue d'Eros et de Cupidon
c'est un tres beau poème. Bon dimanche.
RépondreSupprimerQuand je pense que Gide s'est permis de dire "Victor Hugo Hélas" à lire ce poème on ne peut qu'aimer
RépondreSupprimerQue c'est beau !
RépondreSupprimerMagnifique, tout simplement !
RépondreSupprimerC'est du grand Hugo.
Ah bon Gide a dit çà ? Moi le grand Victor je ne m'en lasse pas.
RépondreSupprimerVoilà un poème qui sied à ce jour printanier...
RépondreSupprimerun poème qui donne envie d'aimer! un beau cadeau pour un dimanche
RépondreSupprimerQuelle fraicheur! Quelle simplicité! Quelle modernité! On pourrait croire que ça a été écrit aujourd'hui.
RépondreSupprimerNormal.
Aimer n'a pas d'age.
c'est toujours un bonheur de lire Hugo le poète... merci!
RépondreSupprimerJe dirai... comme les autres ! Magnifique, le grand Hugo je ne m'en lasse pas !
RépondreSupprimeralinea,je l'aime beaucoup aussi.
RépondreSupprimerDominique, N'empêche que je relis Hugo avec plaisir et que je trouve Gide très démodé déjà!
RépondreSupprimerIrrégulière, Bien d'accord!
RépondreSupprimerdimitri, Les Contemplations, c'est là que se trouve le meilleur Hugo, pour moi!
RépondreSupprimerAifelle, Meilleur que Gide , à distance!
RépondreSupprimerMargotte, C'est ce que j'ai pensé!
RépondreSupprimerogressedeparis, et pourtant il venait de perdre sa fille chérie!
RépondreSupprimerVANGAUGUIN,Aimer n'a pas d'âge, et Hugo est éternel!
RépondreSupprimerchoupynette,il n'a pas vraiment vieilli!
RépondreSupprimerCagire,c'e'st vrai et je le redécouvre en tant que poète!
RépondreSupprimerQuand Hugo parle d'amour, c'est tout simplement grandiose !
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