Dans la famille Copeland, je voudrais les parents. Gordon, le père déjanté – grandiloquent, vaniteux et insignifiant, il est gérant de supermarché –, et Jean, la mère courage dévastée par le suicide de son amant.
Je voudrais aussi les enfants : Priscilla, l’ado insupportable et délurée qui ne vit que pour les fringues, les mecs et la télé-réalité ; et Otis, le petit dernier un brin allumé.
Sans oublier, les aïeuls: Theodore, le grand-père tendre à la tête dans les étoiles, et Vivian, la matrone bourgeoise et venimeuse, férue de potins et de commentaires assassins.
Résumons: «fille caractérielle, père je-sais-tout, fils gentil et normal, quoiqu’un peu bizarre, maman au-potentiel-non-encore-exploité / ayant-une-aventure, arrière-grand-mère vacharde, papy qui perd la boule.»
Joyeuse et punchy, la photo a désormais la place d’honneur sur la cheminée. Mais avec de telles personnalités, une chose est sûre, un rien suffit pour tout faire exploser. Le jeu de massacre peut commencer. Faisons confiance à Elizabeth Crane pour mettre le feu aux poudres. (Résumé de l'éditeur)
J'ai aimé le début avec le suicide choc de l'amant de la mère de famille et la découverte par celle-ci du corps pendu mais ensuite la présentation des personnages par chapitre m'a semblé interminable. J'ai passé mon temps à attendre des événements marquants mais en vain si bien que j'ai fini par m'ennuyer et par laisser tomber ma lecture malgré les moments d'humour et d'autodérision qui émaillent le récit fait par une romancière à la présence constante . Elle raconte et commente les faits et gestes de chacun en employant le nous de majesté. Surprenant au début, ça ne m'a pas cependant pas gênée par la suite.
Ce n'est pas non plus que les personnages ne soient pas attachants mais leur vie n'est qu'ordinaire, banale, grisâtre, commune en somme.
Vivian, l'arrière grand-mère n'est pas tendre du tout et frise souvent la méchanceté.
Théodore, le grand-père, a tendance à oublier son passé et à s'évader ailleurs.
Gordon, le père, vaniteux et sans réel intérêt, agace tout le monde avec ses longs discours.
Jean, la mère infidèle que la disparition de son amant pousse à faire un peu n'importe quoi, va jusqu'à raconter ses amours à son fil pré adolescent qui vit , lui, son premier amour non partagé avec une petite camarade de classe.
Priscilla, enfin, l'ado coquette et superficielle, ne pense qu'à se faire remarquer et vit dans sa bulle de fringues, d'émissions télé et de sorties non autorisées.
Reste le style de l'auteur, la narratrice, la grande manitou du récit qui admet ne pas tout comprendre des décisions de ses personnages mais qui juge et commente sans arrêt leurs comportements.
Il y a de bons moments parfois dans cette lecture mais seulement par-ci par-là, éparpillés puis , une sorte de platitude où je ne suis qu'attente de quelque événement qui ferait enfin démarrer l'action mais non, c'est plutôt le portrait d'une famille dans son déroulement quotidien, au fil des jours.
A la fin du volume, Elizabeth Crane explique la création de son roman conçu à l'origine comme une nouvelle qui se serait prolongée par la suite.
Au cours de l'été 2010 ... j'avais quelques personnages en tête .. mais c'était à peu près tout. En fait je pensais au départ qu'ils seraient chacun au centre de leur propre histoire, sans lien les uns avec les autres. ... ce n'est qu'en arrivant aux quatre-vingt -dix pages que j'ai commencé à prendre conscience que j'étais probablement en train d'écrire un roman.
Une famille heureuse, Elizabeth Crane, traduit de l'anglais (États-Unis) par Bruno Boudart,
310 p. Phébus, 2013
Titre original: We only know so much, 2012
Mince, c'est dommage, ça partait bien.
RépondreSupprimerAh zut !
RépondreSupprimerUne nouvelle qui s'étire pour devenir un roman ce n'est jamais bon signe. Je préfère de loin l'inverse.
RépondreSupprimerL'auteur semble avoir choisi de garder cette présentation, déconcertante il est vrai; mais ça se lit.
RépondreSupprimerdommage, ça se présentait bien
RépondreSupprimerPas tentée du coup.
RépondreSupprimerTitine a eu le même ressenti que toi. J'hésite quand même.
RépondreSupprimerpeut être a t-on lu un peu trop de livre sur le même sujet ?
RépondreSupprimerSans doute une lecture que je ne ferais pas... tes commentaires étant pour moi de véritables guides ;) Je te souhaite un beau dimanche.
RépondreSupprimerLe pitch était tentant, ainsi que la couverture, miam.....
RépondreSupprimerje te fais confiance et je passe!
RépondreSupprimerje suis bien d'accord avec toi, ce roman partait bien et la famille était intéressante. Mais je me suis également ennuyée, il ne se passe pas grand chose et le côté nouvelle est aussi pour quelque chose.
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