"Je n'ai vu mon
père pleurer qu'une fois."
Dernier livre de l'auteur avant sa mort en 2009, à 77 ans, ce recueil de nouvelles est aussi le livre du commencement et de la fin. Pas étonnant puisque l'auteur l'a écrit en sachant que ce serait aussi son dernier. C'est pourquoi il s'est penché sur ce qui l'intéressait le plus à ce moment-là: jeter un coup d'œil en arrière.
Ses personnages sont tous des retraités qui recherchent leurs anciennes amours. Ils tentent de retrouver la flamme amoureuse, ne serait-ce qu'un court instant et ils y parviennent le plus souvent - le temps d'un vol de papillon - comme en une cérémonie des adieux, nostalgique, ironique et légèrement amère quoique pudique.
Ainsi de "La panne", le premier récit du recueil qui commence ainsi:
Le joyeux présentateurs de la météo à la télévision, toujours à l'affût de catastrophes pour gonfler l'audience, avaient annoncé une violente tempête automnale en Nouvelle-Angleterre, avec fortes pluies et gros vents.
Ce jour de grosse tempête, tout s'éteint dans la maison: plus de lumière et plus d'ordinateur, plus rien de toutes les choses pratiques ... Evan Morris prend alors son mal en patience et monte dans sa voiture pour poster des lettres mais rien ne fonctionne ni à la poste ni à la banque. Il achète alors un paquet de cajous et déambule tranquillement dans les rues où l'ambiance est très joyeuse, presque festive.
Près de chez lui, ayant rencontré une voisine, ils se mettent à parler de tout et de rien. Il l'invite à monter dans sa voiture pour la raccompagner chez elle, puisqu'elle vient de lui avouer, les larmes aux yeux, qu'elle se sent seule, son mari étant au travail et sa fille en pension.
Son intérieur est plus chic que le sien, plus moderne, d'un goût plus sûr note-t-il. Très vite, ils échangent des baisers et montent dans la chambre où elle parle encore de son mari parti à Chicago et qu'elle soupçonne de la tromper. Elle a peur toute seule avoue-t-elle en l'aidant à se déshabiller. Il est aux anges ... lorsque, brutalement, la lumière revient, avec mille bruits (lave-vaisselle, télévision, bip bip de l'alarme antivol) ... les appareils se remettent en marche. Gênés, ils se rhabillent.
Dehors, le vent souffle toujours très fort. Les alarmes se sont tues. Tout est normal. Il rentre chez lui: "Je ne sers plus. C'est ainsi. C'est la vie" Adieu fougue de la jeunesse!
J'ai aimé cette lecture des 18 récits, tous très agréables, bien que les thèmes en soient très variés jusqu'à l'évocation du 11 septembre vu à la fois par les kamikazes, les victimes et les spectateurs et curieusement intitulé: "Variété des expériences religieuses." Du grand Updike!
John Updike, « Panne"
in Les larmes de mon père
Traduit par Michèle Hechter
2011.
Né en 1932 en Pennsylvanie, John Updike a reçu deux fois le prix Pulitzer. Auteur de romans, de poèmes et de nouvelles, il est décédé en 2009.
Des nouvelles, ça pourrait être une bonne manière de faire connaissance avec l'auteur.
RépondreSupprimerC'est juste: une lecture agréable et facile!
SupprimerEt en plus ce sont des nouvelles !
RépondreSupprimerToutes simples et pourtant si justes! On s'y retrouve très à l'aise!
SupprimerPas fan de nouvelles, mais la façon dont tu en parles me donne envie de les découvrir.
RépondreSupprimerC'est très rare que je lise des nouvelles également!
SupprimerToujours pas lu cet auteur qui me semble pourtant incontournable.
RépondreSupprimerEn tout cas, là, il m'a séduite!
SupprimerLes récits ont un lien entre eux, où ce sont que des nouvelles indépendantes les unes des autres?
RépondreSupprimerIndépendantes autour du thème de l'ici et maintenant, au début et à la fin d'une vie d'homme.
SupprimerUn auteur à découvrir donc !
RépondreSupprimerun classique désormais! :)
Supprimerje ne connais pas l'auteur , cela pourrait être une occasion pour le découvrir.
RépondreSupprimerSûrement! J'aime bien ce qu'il écrit!
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