Saura-t-on jamais la vérité, même après cette enquête menée en pointillé mais de façon approfondie, qui privilégie le côté psychologique de ce personnage très complexe, haut fonctionnaire français, arrêté en 1963 et condamné à perpétuité pour renseignements fournis aux Soviétiques, concernant en particulier l’organisation de l’OTAN? Gracié en 1970 par Pompidou, son condisciple de la rue d’Ulm, il est mort en 1993.
Curieusement, l’homme retrouvé par le narrateur, qui habitait à deux pas de chez lui, apparaît, en 1985, plutôt quelconque mais il ne faut pas s’y tromper, ce n’est qu’une apparence.
L'orgueil et un antiaméricanisme à toute épreuve, voilà ses mobiles selon Assouline, et non l'appât du gain ou l'idéologie comme on aurait pu s'y attendre. Il était catholique de droite et non communiste.Au physique, silhouette et visage, rondeurs bonhommes et nez plongeant. Pas du genre à se laisser embarrasser par ses contradictions. Singulièrement assuré et néanmoins distrait. Sceptique avec une touche de cynisme. Doté d’une intelligence spéculative formée à la réflexion virtuose plus qu’à la compréhension du réel. Sa modestie inquiétait quand sa voix, sa graphie, sa poignée de main rassuraient. On le sentait en quête d’absolu à l’issue d’une vie qui n’aurait été qu’une rumination intérieure sans fin.
L'orgueilleux, selon Pascal apparaît comme celui qui se voile la face sur ses propres misères et révèle celles de la société pour mieux prétendre s'élever au-dessus d'elles.L'auteur se met en scène lui aussi et ses recherches sont très vivantes ainsi que ses entretiens avec son héros lui-même et avec son entourage, sa femme, ses anciennes connaissances, ses correspondants en Russie où il n'hésite pas à se rendre. En fin de compte, cependant, de cet espion, de ce personnage énigmatique, il me restera essentiellement cette définition:
L'homme que son ombre avait investi de la haute mission de maintenir l'équilibre entre l'est et l'Ouest.Peu de choses en réalité mais si la personnalité de l'espion demeure floue et lointaine, la lecture de ce livre a été agréable et intéressante.
Une question d'orgueil, Pierre Assouline, de l'Académie Goncourt (Roman, Gallimard, 2012, 272 p.)
Billet pour l'anniversaire de Pierre Assouline, né le 17 avril 1953, dans le cadre de l'opération initiée par Ys: ICI Date avancée pour cause de BD du mercredi.
Promesse alléchante... Je ne connais que "Les invités" d'Assouline, mais suis tenté par ce livre.
RépondreSupprimerC'est aussi la première fois que je lis cet auteur. J'ai découvert également un être bien complexe en la personne de ce Georges Pâques,(Opaque est-il écrit dans quelque chapitre.)
SupprimerPierre Assouline fait donc bien de mêler ses talents de biographe et de romancier. Merci pour cette participation.
RépondreSupprimerJe note ce livre car il m'intéresse beaucoup.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup Assouline, il avait mêlé histoire et roman avec brio dans Lutétia (j'avais moins aimé le dernier des commondo), mais j'aime aussi ses romans fiction. Je suis étonnée d'être passée à côté de celui là qui est sorti l'an dernier. Je vais aller le chercher; merci de ce billet.
RépondreSupprimerJe n'ai jamais lu cet auteur...
RépondreSupprimerVoilà qui est bien tentant ! En plus, je n'ai jamais lu cet auteur !
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