On ne décrivait pas Cendrars. On le subissait, on se
laissait envahir, cahoter, submerger par le bouillonnement où il vous
entraînait. Avec les mots à soi, on ne faisait que l’effleurer. On l’aurait
écouter pendant des jours et des mois. Son crâne était une mappemonde, son
cœur, l’univers.
Je me souviens lui avoir dit: «Blaise, il y en a qui
assurent que vous mentez tellement qu’on ne peut même pas croire le contraire
de ce que vous dites. Mais entre nous, le Transsibérien, vous n'y êtes jamais monté?»
Il m’a répondu : … «Écoute, … si c’était le cas, ça changerait quoi ? Je
ne vous l’ai pas fait prendre à tous?"
Devenu voyageur immobile, vissé à son fauteuil, il m’avait
dit aussi: «La sérénité ne peut être atteinte que par un esprit désespéré,
il faut avoir beaucoup aimé et aimer encore le monde.» Il avait
ajouté: «Tout ce qui m’arrive m’est complètement égal, tout ce que
je fais m’est complètement indifférent.
Je me fous de la littérature. Vivez ! Ah, vivez donc.»
Christian Millau, Journal Impoli Un siècle au galop (2011-1928) [p.378/379]
Cendrars par Modigliani
Un génie regardant l'autre... Passionnant !!!
RépondreSupprimerun auteur que je ne connais que de nom (honte sur moi)
RépondreSupprimerCendrars et Modigliani, une fantastique rencontre.
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