Sur la Deschutes
Ce ciel, par exemple :
Gris, bouché,
Mais il ne neige plus
C’est déjà ça. J’ai
Si froid que je ne peux pas plier
les doigts.
Ce matin en descendant à la rivière
Nous avons surpris un blaireau
Dévorant un lapin.
Un museau barbouillé de sang, et au-dessus deux yeux
perçants :
Ne pas confondre
la valeur guerrière
Avec la grâce
Plus tard, huit colverts passent au ciel
Sans un regard pour nous. Dans la rivière,
Frank Sandmeyer lance, lance
En quête de truites. Cela fait
Des années qu’il pêche dans cette rivière
Mais selon lui
Février est le meilleur mois.
De mes doigts nus j’essaye de débrouiller
un écheveau de nylon.
Loin d’ici –
Un autre homme élève mes enfants, et
Couche avec ma femme, couche avec ma femme.
Les feux , Raymond
Carver (éditions de l’Olivier, p. 163)
Traduit de l’américain par François Lasquin.
Oh la la, j'ai honte, je n'ai jamais lu Raymond Carver (et pourtant ça me tente depuis quelques temps déjà). C'est un très bel extrait que tu nous offres là.
RépondreSupprimerLe final est terrible...
RépondreSupprimerTu as devant toi (virtuellement parlant :) une fan absolue de Raymond Carver le nouvelliste. Oh joie, l'intégrale vient de paraître chez L'Olivier et chez Points. Je connais moins Carver le poète, merci de me le faire découvrir :)
RépondreSupprimer