En se comparant à son frère cadet, c’est son histoire familiale et amoureuse à la fois qu’évoque ici l’auteur. C’est une façon originale de se raconter sans trop peser, sur la pointe des pieds ou plutôt en épluchant son cœur d’artichaut.
C’est là en effet que le bât blesse: son frère n’a qu'un amour unique, sa femme, et son mariage est une réussite tandis que lui, l’aîné, enchaîne les histoires amoureuses. Sa seule excuse: à chaque fois il est sincère et croit au grand amour. Seulement voilà, un cœur comme le sien déménage sans cesse, jusqu'au dernier, celui qui va durer quatre ans jusqu'à la mort de l’être aimé - un record.
Cet événement les rapproche mais en réalité, depuis toujours, ces deux-là éprouvent une jalousie mutuelle, base de toute fratrie selon le narrateur.
J’ai aimé ce livre sur la fraternité, au titre trompeur. La chanson de Charles Quint n’est qu’un prétexte qui permet d’introduire le thème de la maladie d’amour qui s’est emparée de l’auteur un soir où avec ses parents et son frère il était allé écouter Cora Vaucaire la chanteuse préférée de ses parents. C’était au Cabaret, «L’échelle de Jacob».
«Nous n’avions pas dix ans. La lumière s’est éteinte. Un visage a paru.
Frédé, joue-moi sur ta guitare
L’histoire où l’on s’aime toujours
J’ai voulu me retourner pour regarder mes parents. Impossible : il y avait trop de monde. Le moindre mouvement m’était interdit. Qu’importe! Je les savais heureux.
Ce soir je me sens le cœur lourd.
J’ai besoin de chansons d’amour.
20 chansons, 20 histoires plus tard, retrouvant la rue Jacob, j’étais tombé malade; d’ une maladie qui ne m’a plus quitté. Mon petit frère a résisté. Sans doute il avait l’âme plus forte. Sans aucun doute. Mais moi, j’ai cédé. Une maladie m’a pris cette nuit-là, dont j’ai mis des années et des années à comprendre le mécanisme.»
Pas mal du tout. Sympathique en tout cas.
Erik Orsenna - La Chanson de Charles Quint (Stock, 2009, 193 p.)
J'ai du mal avec Orsenna. J'ai essayé plusieurs fois de rentrer dans son univers mais rien n'y fait, je n'accroche pas. Et le pire c'est que je n'arrive pas à expliquer pourquoi.
RépondreSupprimerJe ne connais pas bien ce qu'a écrit Orsenna mais celui-ci m'a bien intéressée. je l'ai lu avec plaisir en très peu de temps et sans interruption.
SupprimerAu contraire de Jérome je suis entré tardivement, mais avec une joie évidente dans l'écriture d'Eric Orsenna. Et cette chanson de Charles Quint m'a beaucoup plu.
RépondreSupprimerJ'aime bien la plume sympathique de cet auteur, moi aussi.
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