dimanche 1 juillet 2012

La vie antérieure, Charles Baudelaire

J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.

Charles Baudelaire  (1821-1867): La vie antérieure, Les Fleurs du mal
Tableau: La Vie Antérieure de Criss Cusson:
 Baudelaire a choisi d'exprimer la beauté du Mal, la magie noire des drogues et des addictions. Son Art n'est pas seulement moderne par son anxiété, angoisse et désespoir ... Mais son Art est Offensif. Ma série "Baudelaire" s' articule autour du poème, "La Vie Antérieure",  paru dans  "les Fleurs Du Mal" le 23 juin 1857. Le 7 juillet 1857, la direction de la Sûreté Publique saisit le parquet de "Délit d' outrage à la morale publique" et pour   "Outrage à la morale religieuse ". La sixième chambre,  la justice de Napoléon III ou Napoléon "le petit" le condamne à 300 francs d' amende et ordonne la suppression de six pièces, le 20 août 1857. A l' image de Baudelaire,  je n' ai pas q ' une position symbolique face à la peinture; l' Art n' est pas qu' essence, il est  Existence ... Je veux être subversif par une contestation subtile du regard qui soit mystérieuse, discrète, clandestine ...  La peinture doit être un travail actif qui nécessite de la patience pour celui qui regarde .

10 commentaires:

  1. Ah, les fleurs du mal!... Une merveille. Je me permets quelques lignes:

    ...
    Je traîne des serpents qui mordent mes souliers.
    Et c'est depuis ce temps que, pareil aux prophètes,
    J'aime si tendrement le désert et la mer;
    Que je ris dans les deuils et pleure dans les fêtes,
    Et trouve un goût suave au vin le plus amer;
    Que je prends très souvent les faits pour des mensonges,
    Et que, les yeux au ciel, je tombe dans des trous.
    Mais la voix me console et dit: «Garde tes songes:
    Les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous !»

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    1. Merci pour ce supplément baudelairien si bienvenu!

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  2. Deux présents ici ce matin alors ( à l'or): Baudelaire qui me ravit et ... la découverte d'un nouveau blog, celui d'Armando.

    Merci Mango et bon dimanche !

    Y.

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  3. Justement, je suis en pleine relecture de Baudelaire...

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  4. Quel beau poème ! J'adore Baudelaire, je voudrais connaître tous ses poèmes par coeur !

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  5. Mais qu'il est beau ce texte ! Bonne soirée Mango.

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