mardi 10 juillet 2012

Histoire secrète, Cesare Pavese

De Colette,  j’aime surtout quand elle évoque tendrement  les jardins maternels  de son enfance,  si sauvages et si raffinés à la fois.  Si amoureusement entretenus par sa mère adorée.

Pavese, lui, c’était son père qu’il admirait plus que tout  et  avec lui, toutes les collines environnantes de cette région turinoise où ils vivaient tous les deux et où il a voulu mourir délibérément un beau soir d’été.

Dans son «Histoire secrète», c’est de cela dont il s’agit, des collines autour de Turin et de leur vie là-bas, la sienne et celle  de son père avec  Sandiana, la compagne de veuvage de celui-ci.
C’est magnifique!
Simple et beau comme de la poésie en prose ou  la musique de l’enfance.
Difficile d’en dire plus. Texte à déguster lentement comme un bonbon délicieux qui dure longtemps. Un texte qu’il doit être si doux et si tendrement déchirant d’écouter en italien.
Même traduites, les phrases gardent leur beauté nostalgique. C’est le temps qui fuit, dont la douceur ne reviendra jamais.

"C’est par cette route que passait mon père. Il passait la nuit parce qu’elle était longue et qu’il voulait arriver de bonne heure. Il faisait à pied la colline puis toute la vallée et puis les autres collines, jusqu’au moment où apparaissaient ensemble le soleil en face et lui sur la dernière crête. La route montait vers les nuages qui se brisaient dans le soleil au-dessus des brumes de la plaine. Moi, je les ai vus ces nuages: ils luisaient encore comme de l’or; mon père, de son temps, dit que quand ils étaient bas et embrasés, ils lui promettaient une bonne journée. Alors, sur les marchés, circulaient des pièces en or."
"En ce temps-là, je savais seulement que tout ne commence que le lendemain"
 Histoire secrète, Cesare Pavese. (Folio, 2€) Nouvelles extraites de "Vacances d'août", Oeuvres, Quarto, 2008
Billet sur "Le blouson de cuir": ICI
Cesare Pavese (1908-1950) est depuis toujours un de mes auteurs italiens favoris, non seulement pour son journal intime: «Le métier de vivre», paru peu après son suicide en août 1950, à 42 ans, non seulement pour son engagement politique contre Mussolini et son parti fasciste qui lui valut un an d’emprisonnement, ni même pour ses courts récits et ses romans, si bien écrits soient-ils, mais surtout pour cet état de grâce, cette petite musique, cette nostalgie issue de l’enfance qui me captive et m’envahit à chaque lecture.

L’éditeur présente ainsi ce petit livre :
Dans les collines du Piémont, les hivers sont rudes et les étés brûlants. Les enfants y grandissent librement au milieu de vignes. Ils découvrent l'amitié et l'amour, mais aussi la solitude et la mort.
Dans ces quelques nouvelles lumineuses, Pavese nous guide à travers les paysages de sa jeunesse, lieux et moments magiques qui ont profondément marqué toute son oeuvre.

15 commentaires:

  1. Encore une découverte grâce à toi, merci beaucoup, on ne pourra pas résister à deux euros de gourmandise !

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    1. Pavese est un auteur à découvrir, je t'assure: son journal: "Le métier de vivre" m'a beaucoup marquée, plus jeune! Je redécouvre ses autres écrits en ce moment, un peu délaissés car objets d'examens en leur temps ce qui me laisse toujours un goût de trop laborieux en souvenir ,mais ce sont des petites merveilles, même en traduction, ce qui n'est pas peu dire!

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  2. Un auteur que je découvre avec toi.

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  3. Ce petit livre me plairait bien et je note. C'est l'ambiance qu'il me faut en ce moment.
    Demain, je ne serai pas des vôtre pour la BD. Je vous souhaite donc un bon mercredi et viendrai vous lire dans le courant de la semaine.
    Biz

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    1. Merci de m'avertir et bonne semaine. Si tu en as l'occasion, ne laisse pas passer cet auteur: il écrit avec un je ne sais quoi qui m'enchante même à la unième relecture!

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  4. je suis assez tentée, son journal est noir et désespérant et c'est la seule oeuvre que j'ai lu, je prends note

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    1. Ces récits sont d'une nostalgie légère, comment dire, d'une profondeur pudique. Il touche en plein cœur sans insistance et on voudrait le retenir!

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  5. J'ai "Le bel été dans ma PAL, lu certainement il y a longtemps, à relire et je note ces nouvelles ! :) Mango, je n'arrive pas à trouver quel logo pour LA BD DU MERCREDI, le vert, le bleu, le rouge ??? Et quel lien mettre dans le billet quand je lirai une BD... (Je sais je ne suis pas vive^^ !)

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    1. "Le bel été" a été son grand succès. Il faudrait que je le relise.

      Ne t'embarrasse pas pour le logo. Tu choisis la couleur que tu veux et voilà tout. Quant au lien, tu prends celui du jour ou alors, si je suis en retard, celui du mercredi précédent, c'est très bien aussi.
      Je suis ravie que tu nous rejoignes!

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  6. Un auteur que je n'ai jamais abordé, tu me donnes envie de le faire.

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    1. Je le trouve excellent et l'aime depuis si longtemps que ses livres ne sont jamais très loin.

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  7. Je n'ai pas encore lu ce livre mais j'aime beaucoup les écrits de cet auteur !
    Et je me revois arpentant les collines du Piedmont à la recherche d'une "osteria"
    perdue dans les vignes...
    Merci de ce billet qui m'a fait rêver un bref instant !
    A bientôt

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    1. Quelle région et que de beaux souvenirs je garde aussi!

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