Le mercredi notre frère m’écrivit qu’il disparaissait pour un temps indéterminé, un bref courrier posté d’une gare que j’ai reçu le jeudi, dont j’ai aussitôt transmis copie aux autres, qu’ils n’aillent pas se lancer dans d’inutiles recherches, et j’ai ensuite parcouru sous la neige, le cerveau embrouillé par un rhume colossal, les trois cents kilomètres qui séparent mon domicile du sien afin de vérifier, comme il me le demandait en post-scriptum, que le robinet d’un lavabo du second étage, à propos duquel il conservait un doute, avait bien été purgé par lui avant son départ.
Première phrase du récit et au final, le prix du style de l’année.
Après avoir reçu cette lettre de Odd, son frère jumeau qui vient de partir brusquement sans laisser d’adresse, Paul, le narrateur, passe quelques jours dans la grande maison de son enfance, en proie à un rhume carabiné. La neige l’empêche de rentrer chez lui, en ville. Alors, c’est emmitouflé dans une robe de chambre usée, chaussé des vieilles pantoufles de son frère qu’il passe de longues journées glaciales en ressassant le passé. Ses trois sœurs sont parties, deux sont mariées, Adina et Dorthéa et Margrete, la dernière est dans un asile psychiatrique. La solitude de cette demeure lui semble d’autant plus terrible que rien ne fonctionne vraiment comme il faudrait. Tout se détériore, les meubles, la télévision, les appareils électriques
Ce que j’ai aimé, c’est que dans cette situation bien peu réjouissante, Paul fasse revivre les souvenirs de sa famille de façon sympathique, son père Harald, si rigide, sa mère gaie et rieuse, si bien que, tout en soupçonnant un geste extrême de la part du frère disparu, on devine que la fin ne sera peut-être pas exactement celle à laquelle on s’attend mais justifiera le titre.
Dommage que cent pages, ce ne soit jamais assez pour moi, bien que de plus en plus à la mode, ces courts récits ne sont ni tout à fait de vrais romans ni tout à fait des nouvelles non plus mais, à part cette restriction, j’ai plutôt apprécié ce livre, de même que Mélopée, Clara, Cathulu,
Un avenir de Véronique Bizot, Prix du style 2011, (Actes Sud, août 2011, 104 pages)
Je l'ai noté, j'ai l'intention de le lire, j'avais beaucoup aimé "mon couronnement"
RépondreSupprimerAifelle, j'espère,à mon tour lire "mon couronnement" maintenant!
RépondreSupprimerJe suis comme toi, les nouveaux formats courts me laissent souvent sur ma faim...
RépondreSupprimerUn prix mérité selon moi.
RépondreSupprimerElisabeth, Ils manquent du souffle généreux que j'aime avant tout dans un roman
RépondreSupprimerClara, Son style est bien reconnaissable, précis et lyrique à la fois. J'aime aussi.
RépondreSupprimerTu as raison, des petits formats de plus en plus en vogue. Cela permet peut-être à l'auteur de parfaire sa plume, et lui éviter de se noyer dans un récit trop long.
RépondreSupprimer104 pages? A peine le temps de se caler dans l'histoire. Il est à la bibli, je peux tester quand même.
RépondreSupprimerMais où se passe cette histoire? En france?
Alex Mot-à-Mots, tu as sans doute raison, ils le font peut-être comme à titre d'essai mais ça fait un peu limité quand même. Rien ne vaut de se plonger dans un bon gros roman qui te fasse tout oublier!
RépondreSupprimerA l'occasion, je testerai. PArfois, un samedi soir entre deux livres plus importants, j'aime bien lire un de ces courts récits. Certes je suis un peu frustrée de la rapidité, mais les émotions sont souvent au rendez-vous. Et c'est bon signe !
RépondreSupprimerKeisha, Quelque part en France, dans un village de montagne qui se dépeuple. Ce n'est jamais précisé exactement mais les lieux précis et lointains sont ceux des souvenirs. C'est un roman sur la solitude, la vieillesse et la décomposition d'une fratrie.
RépondreSupprimerAnne, c'est ainsi que je les sens aussi, ces petits livres: une halte entre deux lectures plus importantes.
RépondreSupprimerIl est dorénavant sur la liste des à lire ;)
RépondreSupprimerle blÖg d'Ötli Pourquoi pas en effet, ne serait-ce que pour le style.
RépondreSupprimerUn petit roman court comme on en trouve de plus en plus. Je l'ajoute à ma liste.
RépondreSupprimerdimitri, un récit fait pour un voyage de deux heures environ. Quelle autre explication à cet engouement pour les petits volumes d'une centaine de pages qui se répandent à toute allure?
RépondreSupprimerJe ne pense pas que ce soit une lecture pour moi. Mais peut-être à l'occasion, qui sait. Je ne ferme pas la porte.
RépondreSupprimerUn peu déroutée. Pas complétement sûre de ce que je lisais mais avec l'intuition que quelque chose m'attendait au bout. C'est un livre que j'ai aimé.
RépondreSupprimerAh oui, le prix du style ? Encore une donnée pour me convaincre de le lire ! ;)
RépondreSupprimerJ'aime bien un format court de temps en temps... il faudra que je trouve à la bibli ce livre, ou le premier de l'auteur, je suis intriguée;
RépondreSupprimerManu, oui, pourquoi pas en effet!
RépondreSupprimerUn autre endroit... Finalement, c'est aussi ce que j'ai ressenti à la lecture. J'ai aimé la fin puisqu'elle m'a bien surprise mais sage ou mauvaise décision?
RépondreSupprimerleiloona, je ne suis pas une grande puriste mais un prix du style me semble bien difficile à déterminer. Sur quels critères a-t-on choisi cette fois-ci? Difficile pour moi de juger! Le plus évident; il se lit vite!
RépondreSupprimerKathel, Ce format est bien pratique quand on veut terminer rapidement une lecture mais de toute façon, c'est un livre agréable une fois la mise en route commencée.
RépondreSupprimerJe demandais à cause des prénoms... pas très courus dans la montagne au fin fond de la France, non? (sauf paul)Ou alors pour éviter de d'insérer le roman dans une époque particulière?.
RépondreSupprimerKeisha, tu as raison pour les prénoms qui sont norvégiens, je pense, puisque leur mère est norvégienne mais ils vivent en France, du côté de la Suisse, j'imagine, car les noms de pays évoqués sont le lac Léman, Evian, Annecy où son frère Albert est dans un établissement spécialisé. Le narrateur, lui, je pense, vit sans doute désormais à Paris. J'ai beau le feuilleter je ne vois rien de précis à ce sujet.
RépondreSupprimerMoi, j'adore les courts romans, sans doute parce que je lis très lentement et qu'au moins, dans ces livres, les auteurs vont à l'essentiel !
RépondreSupprimerJe ne connais pas encore cette auteure. je dois y remédier !