Nous connaissons les images de ces femmes fin de siècle par les peintres de cette décennie et les costumes conservés dans quelques musées parisiens, celui des Arts décoratifs, celui du Petit Palais, le Musée Carnavalet ainsi que le Musée d’Orsay. Les expositions sur cette mode sont rares cependant et ce catalogue en est doublement intéressant.
Ce qui frappe tout d’abord, c’est « le style tapissier de ces costumes, caractérisé par l’accumulation systématique de matières diverses : velours, soie, dentelle, tulle,d’ornements différents, franges, glands, chenilles, galons – tout l’art du passementier- de broderies,d’applications, de perles sur un même vêtement. »
Les coloris raffinés dégagent un charme certain : bleu canard, rose fané, prune que rehaussent encore les perles mordorées.
C’est ensuite l’impression de rigidité qui se dégage de ces robes : le corset carcan, comme une sorte de cuirasse recouverte de perles et de broderies qui accentue encore la rigueur du buste. En 1884, La Revue de la Mode écrivait : « Il est sain et de bonne hygiène de passer le premier corset aussitôt que les ablutions sont terminées ; cela maintient et discipline le buste et garde la forme de la taille. »Le corps est caché, la silhouette entravée.
Cependant la mode n’est jamais immuable et en dix ans, trois types de silhouettes créent trois apparences de femmes différentes. La première, apparue en 1885 se note surtout de profil, la ligne fait ressortir la poitrine et surtout l’arrière-train « dont la tournure a exagéré la rotondité.
La seconde, en 1890, plus sobre, respecte les formes naturelles du corps avec sa jupe cloche et ses manches collantes.
La troisième, apparue vers 1892, avant de s’épanouir en 1895, se caractérise par l’énorme volume des manches.
Comme l’architecture et la décoration des intérieurs de cette époque, la mode est alors influencée par les figures de la Renaissance, avec leurs cols, collerettes, rabats, manches ainsi que par les robes Louis XVI et leurs tissus rayés, semés de fleurettes. (Résumé inspiré de la préface de Catherine Join-Diéterle, conservateur en chef.)
Femmes fin de siècle 1885-1895, Musée de la mode et du costume - Palais Galliera, (Paris-Musées, 1990, 191 pages ISBN: 2-901424-19-8)
Ce billet participe au challenge de l'Irrégulière sur la mode:
Cà paraît très élégant au premier coup d'oeil, mais c'est frappant de voir à quel point le corps des femmes a toujours été instrumentalisé. Il l'est encore d'une autre manière dans l'obligation de se dénuder, d'être ultramince etc ...
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé ces gravures de mode; J'ai été comme toi assez ébouriffée par la taille de leur manche ! J'avais lu cet album aussi pour le challenge mais finalement j'ai été incapable de faire un billet et le tien est vraiment bien illustré !
RépondreSupprimerHan, je ne l'ai pas celui-là, il a l'air vraiment très riche et passionnant. Je suis fan des catalogues d'exposition, j'en ai beaucoup, même si rien ne remplace la visite (d'autant que Galliera est un lieu magnifique !)
RépondreSupprimermerci pour ce beau billet sur l'un de mes sujets préférés :)
RépondreSupprimerbelle bannière de nicolas de stael :)
RépondreSupprimeras tu lu "le prince foudroyé"?
Aifelle, Les corps s'adaptent si différemment selon les modes successives, c'est très étonnant.
RépondreSupprimerCet album est très riche et je n'ai pas fini de lire tous les articles signés par des spécialistes différents.
RépondreSupprimerIrrégulière, J'ai accumulé pas mal de ces catalogues aussi mais ils sont longs à lire et je les ai plus regardés que lus jusqu'ici.
RépondreSupprimerNiki, non je n'ai pas lu ce livre mais une monographie de ce peintre par Jean-Claude Marcadé.
RépondreSupprimercala a l'air interessant en tout cas j'aime beaucoup ces illustrations d'un autre temps.
RépondreSupprimerça a l'air très beau. Je ne connais pas encore ce musée, ça me donnera l'occasion d'y aller :-)
RépondreSupprimeralinea, oui, c'est un catalogue très agréable à consulter
RépondreSupprimerLN: Les expositions y sont toujours très intéressantes!
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