Ce texte est un hymne aux vagabonds célèbres ou anonymes. J’y ai vu un poème à la liberté, au vivant, à l’errance, à l’homme à pied, sans liens et sans attaches, au vagabond, cette espèce en voie de disparition transformée en clochard dans les villes.
Lui-même se dit ancien vagabond d’une espèce particulière car il savait qu’un jour ses efforts seraient récompensés. Il avait de l’espoir en pensant à l’avenir. Les vrais vagabonds ne pensent qu’au présent.
«Un chapeau sur la tête et un sac sur le dos,Mon bâton, le vent frais, la lune dans le ciel.»
Honneur tout d’abord aux premiers américains sous le signe de Whitman, Jim Bridger, Johnny Appleseed et à leurs cabanes en tôles et en planches, dans la solitude totale de la nature.
«A l’époque de Bruegel, les enfants dansaient autour du vagabond ; il portait d’énormes haillons et il regardait toujours droit devant lui, indifférent aux enfants.»
Maintenant les enfants s’écartent de ces hommes qui passent sur les chemins. Les parents les ont mis en garde.
Adieu au vagabond chaplinesque.
Adieu au vieux vagabond de la Divine Comédie. «Le vagabond, c’est Virgile, il fut le premier de tous.»
Ont mené par moments des existences de vagabond dans leur vie
Benjamin Franklin, en Pennsylvanie.
John Muir «qui est allé dans les montagnes, la poche pleine de morceaux de pain sec qu’il trempait dans les rivières.»
Whitman, en Louisiane, «quand il cheminait sur la grand route.»
Et le vagabond noir, un solitaire des montagnes du sud, le dernier vestige des clochards de Bruegel.
Et le vieux Zacatecan Jack, le Saint Errant.
Et Vachel Lindsay, le troubadour vagabond, qui vend ses poèmes pour se nourrir.
L’avion désormais crucifie le vagabond qui doit maintenant se cacher.
Plus de Jean Valjean jetant son sou au petit Savoyard.
Plus de Beethoven, le vagabond sourd.
Plus de Einstein, le vagabond, avec son pull-over en agneau à col roulé.
Plus de Bernard Baruch, «le vagabond sans illusion, assis sur un banc dans un jardin public, avec, à son oreille, un appareil en plastique qui lui permettait de capter les voix.»
Plus de Serge Essénine, vagabond prestigieux de la Révolution russe
Plus de Li Po, le vagabond puissant, le poète chinois.
«Jésus fut un vagabond étrange qui marchait sur l’eau-
Boudha fut aussi un vagabond qui ne prêtait aucune attention aux autres vagabonds.
Le Chef Pluie-Au-Visage, plus sinistre encore.-
W.C. Fields, Véhicule de Diamant.»
Le vagabond est un être de fierté mais après avoir passé en revue différents endroits de New York et de quelques autres grandes villes parmi lesquelles Paris où les clochards sont respectés, Kerouac met un point final à sa revue sur cette amère constatation expliquant la disparition de cette espèce rare des fiers vagabonds :
«Les bois sont remplis de geôliers.»
Magnifique texte à lire de préférence hors traduction.
Le vagabond américain en voie de disparition de Jack Kerouac (folio, 2€,1960) Nouvelle extraite du recueil : «Le Vagabond solitaire ». Traduit de l’américain par Jean Autret.
Nouvelle participation au challenge de Cynthia: folio 2€
Nouvelle participation au challenge de Cynthia: folio 2€
J'aime ton billet! Les extraits que tu cites sont alléchants. Ce livre est passionnant et cette revue de personnages célèbres aussi (que je ne savais pas tous vagabonds!)
RépondreSupprimerKerouac se fait lyrique et agrandit le cercle de ces vagabonds en les voulant aussi artistes, philosophes et fils de Dieu, pourquoi pas? Quand on aime, on n'ergote pas! :)
RépondreSupprimerMais il nous reste les bancs, pour les lire dehors, libres de voyager encore avec eux, dans le temps et dans notre imaginaire ;)
RépondreSupprimerSouvenir de lecture de mes 15 ans, Les Clochards célestes, sur un banc, sous des pins, non loin d'Arcachon...
Un livre à ne pas manquer.
RépondreSupprimerUn existence de vagabond, comme ces grands hommes, pourquoi pas.
Les extraits cités sont remarquables.
quel beau billet, cela me donne totalement envie de découvrir ce livre
RépondreSupprimerUne ode au vagabondage ! Voilà une chose à ne pas manquer, il me semble ! :)
RépondreSupprimerJe n'ai pas réussi à terminer "Sur la route" Mais je vais découvrir San Francisco, où Kerouac a vécu :-)
RépondreSupprimerUn auteur que je n'arrive pas à me décider à découvrir...Il faut dire que mon intérêt pour la littérature des grands espaces est relativement limité ;)
RépondreSupprimerJe prends bonne note de ce billet ;)
Ötli,il nous reste toujours, il est vrai,le voyage imaginaire.
RépondreSupprimerdimitri,je t'avoue préférer lire leurs récits qu'en devenir une moi-même. D'ailleurs on ne parle que des hommes dans cette liste de Kerouac. Les vagabondes sont, semble-t-il, moins poétiques.
RépondreSupprimerniki, c'est un beau texte.
RépondreSupprimerchoco, c'est d'ailleurs un vrai classique du genre.
RépondreSupprimerManu, quelle chance! Sur la route est un long récit. Celui-ci,à l'inverse est très court.
RépondreSupprimerCynthia, Avec Kerouac, mieux vaut aimer les récits au grand air!
RépondreSupprimer