Les hommes sirènes, Fabienne Juhel, 1
Que le cœur de l’homme est creux et plein d’ordures! Ce cri de Pascal mis en exergue est suivi à l’ouverture du récit par ce soupir de Baudelaire: - J’aime les nuages…les nuages qui passent…là-bas…là-bas…les merveilleux nuages!
Oserais-je dire qu’entre ces deux citations se situe toute l’histoire de ce quatrième roman de Fabienne Juhel qui se déroule exactement là, entre ordures et nuages, rêves ardents et réalité sordide? Il s'agit bien en effet du combat éternel et magistral de l'homme avec ses démons qui le poussent à fuir son passé et ses responsabilités et de sa lutte avec l'ange qui le séduit et l'attire toujours plus haut, toujours plus loin.
L'homme ici s'appelle Antoine, du nom donné lors de son adoption par ceux qui l'ont acheté, le frère et la sœur, les Ténébreux, les "Alpha", des juifs rescapés des camps de la mort, riches mais sans affection. En réalité son vrai nom, c'est Abhra, l'ange, son nom d'indien navarro qu'il désire reconquérir.
"Défense de déposer les ordures". "Il a suffi de cette mention, en apparence anodine, sur la palissade d'un chantier, pour qu'Antoine jette ses clefs dans une décharge et quitte femme et enfant. Une nouvelle décisive venant du milieu médical le pousse à tenter sa dernière chance pour retrouver enfin sa véritable identité. Pour cela, il traverse à pied toute la France, de Saint-Malo aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Les rencontres qu'il fera seront décisives et le réconcilieront peu à peu avec son douloureux passé. Le caillou-caillot qui bloquait son avenir éclate et disparaît laissant à nouveau place à "son rêve d'arche à la fin des temps, qui était la promesse d'une nouvelle ère. Mais Brian et Abhra voudraient d'abord aller voir les Indiens."
Telle est la dernière phrase de ce beau roman dont les trois parties se nomment simplement: "Le départ", "Sur la route" et "Le terme". C'est un très beau récit, plein de douleur, de noirceur mais aussi d'humour, d'amour, de sensualité et de lumière. Même la quatrième de couverture est juste et retenue, ce qui n'est pas le cas des billets des lecteurs-blogueurs, tous très élogieux et enthousiastes. Allez les lire: de telles chaleureuses approbations font réellement plaisir.
Les hommes sirènes, Fabienne Juhel, (éditions du Rouergue, janvier 2011, 300 pages)
Un livre splendide !
RépondreSupprimerTu as un don pour sublimer les oeuvres, tes citations sont un très bel écrin!
RépondreSupprimerUn roman qui ne m'aurait pas tenté, comme ça. Mais pourquoi pas...
RépondreSupprimerUne histoire étonnante, portée par une langue riche, des tournures originales... Un très beau livre, à lire, vraiment!
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup les phrases, l'écriture. Un roman qui ne manque pas d'intérêt.
RépondreSupprimerUn bijou ce roman !
RépondreSupprimerclara, très réussi!
RépondreSupprimerorfeenix, L'auteur elle-même a choisi de mettre en valeur ces citations qui à elles seules encadrent bien le récit, je trouve.
RépondreSupprimerAlex, moi non plus, sans les blogs, et pourtant...
RépondreSupprimerGwenaelle, une belle histoire et un récit très soigné.
RépondreSupprimerdimitri, un vraiment beau roman
RépondreSupprimerGriotte,c'est aussi mon avis.
RépondreSupprimerJ'essaierai de le lire... tant ce thème (universel ?) me pose question ;)
RépondreSupprimerötli, tu ne seras pas déçu, je t'assure.
RépondreSupprimerJ'avais bien aimé son précédent et je compte bien lire celui-ci un jour ou l'autre
RépondreSupprimerSylire, si tous ses livres sont aussi bien, je vais les lire aussi.
RépondreSupprimerUn livre plus que splendide, magique : à lire absolument !
RépondreSupprimerIl faut absolument que j'arrive à le lire.
RépondreSupprimerPascale, je suis bien de ton avis!
RépondreSupprimerAifelle, Il était sur le rayon "Nouveautés" de ma bibliothèque.
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