A l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Tennessee Williams (1911-1983) la collection Bouquins vient de réunir pour la première fois, en un seul volume, ses principales pièces de théâtre, son roman «Une femme nommée Moïse» ainsi que ses Mémoires écrites entre 1972 et 1975 qui furent jugées si scandaleuses en Amérique.
C’est une bonne occasion de mieux connaître cet auteur, dont nous ne connaissons en France qu’une vingtaine d'ouvrages sur la centaine qu’il a produits, parmi lesquels les plus connus : «Un tramway nommé Désir», «une chatte sur un toit brûlant», «La nuit de l’iguane».
Sa première pièce, «La Ménagerie de Verre», a été jouée avec succès à New York en 1945 et deux films sont sortis en 1950 et en 1987.
Je l’ai déjà vue une fois quand j’étais au lycée et elle m’avait enchantée. Je viens de la relire dans la nouvelle version française de Pierre Laville.
Basée sur de nombreux aspects autobiographiques, c’est «une pièce de la mémoire» qui évoque en sept scènes ce qui aura été le centre de la vie de l’auteur dans les années 1932-1935, sa vie en vase clos entre sa mère et sa sœur, le père, joueur alcoolique, étant toujours absent, mais le vrai drame de la famille, c’est la schizophrénie de Rose, sa sœur chérie, très diminuée par une lobotomie subie en 1943, opération tragique qu’il ne se pardonna jamais d’avoir autorisée.
La pièce se déroule dans un petit appartement où vivent trois personnes: la mère, Amanda, abandonnée par son mari alcoolique, le fils, Tom, qui se veut poète mais qui travaille à contre cœur dans un entrepôt de chaussures et enfin la fille, Laura, fragile et solitaire, d’une timidité maladive, qui passe son temps à écouter de vieux airs et à jouer avec des petits animaux en verre qu’elle collectionne. Elle est toujours ailleurs, enfermée dans son monde.
Tom est à la fois le récitant et un des personnages. Il n’a qu’une envie : tout quitter comme son père et partir loin pour écrire et faire du cinéma.
Quant à la mère, elle se montre tour à tour tyrannique, excentrique, chaleureuse et autoritaire, régentant et surveillant les moindres gestes de ses enfants, nostalgique de son passé qu’elle évoque sans cesse, coquette et rusée quand elle veut obtenir quelque chose. Marier sa fille est devenue son obsession.
Justement, Tom invite un ami et la soirée sera mémorable. C’est la deuxième partie de la pièce. Avant, on attend des changements, après, tout sera différent.
La pièce aura un grand succès et on comprend pourquoi.
"La Ménagerie de Verre", dans sa nouvelle traduction, témoigne bien de la modernité de l' œuvre, légère et tragique à la fois, d’une grande sensibilité, aux passions extrêmes sur fond de solitude absolue et désespérée.
La Ménagerie de Verre de Tennessee Williams ( Théâtre, Roman, Mémoires, Bouquins, Robert Laffont, 2011, 960 pages) Édition établie et présentée par Catherine Fruchon-Toussaint. Nouvelles versions théâtrales de Pierre Laville
J'ai lu La ménagerie de verre, que j'ai appréciée, mais j'aimerais la voir jouer : il me semble que le jeu des personnages prend une part importante que je n'ai pas senti dans ma lecture.
RépondreSupprimerJe l'ai lu il y a pas mal de temps mais je l'avais bien aimé. Merci de cette belle présentation.
RépondreSupprimerPlus aucun prétexte effectivement pour ne pas en savoir plus et aller plus loin !
RépondreSupprimerJe te souhaite une belle semaine.
Non seulement j'aime beaucoup cette pièce, mais T. Williams est un de mes auteurs fétiches. Possédant déjà pas mal de ses textes en V.O., j'avais reporté l'acquisition de cette "anthologie" à plus tard... jusqu'à ce que je lise ton billet, car j'ignorais que les traductions avaient été revisitées.
RépondreSupprimerquel beau billet - j'ai une "tendresse" particulièrement pour tennessee williams et ses personnages désespérés
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup cet auteur avec ses personnages toujours torturés, complexes.
RépondreSupprimerUn gros livre à ne pas manquer.
Bonne nouvelle car je n'ai rien dans ma bibli de lui , je vais profiter de cette édition, c'est bien pour ça les anniversaires !!!
RépondreSupprimerTu as tout à fait raison, je ne connais que ceux que tu cites dont je suis inconditionnelle, merci d' étendre mon champ de vision!
RépondreSupprimerJ'aime énormément T. Williams, l'aspect onirique que prend ses pièces bien qu'il parle de choses très réelles. Le thème de la folie, la mère tyrannique se retrouvent dans ses oeuvres, comme soudain l'été dernier... Je note cette pièce que je n'avais aps encore lu.
RépondreSupprimerJe n'ai jamais rien lu de cet auteur, dont j'ai tant aimé les films et les acteurs interprétant ses personnages torturés, presque borderline ! On le connaît trop peu en France, en raison de son image sulfureuse, véhiculée par une Amérique parfois (trop) puritaine ... Mais à découvrir absolument !
RépondreSupprimerMeria, Certainement,il faudrait en voir une représentation d'autant plus que T.Williams accordait beaucoup de liberté aux acteurs et même le décor qui a aussi une grande importance ici est seulement suggéré. En revanche il indique les phrases à faire apparaître sur un écran, comme une ponctuation et un rythme à maintenir.
RépondreSupprimerlewerentz, Voilà une pièce qui passerait très bien à la télévision, tant elle est restée moderne. Ce serait un festival pour les acteurs choisis.
RépondreSupprimerÖtli, une très belle initiative.
RépondreSupprimerIn cold Blog, C'est un intérêt supplémentaire de cette édition que je trouve particulièrement soignée.
RépondreSupprimerniki, J'aime aussi ces personnages passionnés,sensuels, fragiles ou violents mais toujours riches de leurs rêves parfois curieusement réalistes
RépondreSupprimerdimitri,toujours torturés, comme lui-même, ses personnages , et toujours attachants malgré leurs défauts et leurs déséquilibres.
RépondreSupprimerDominique, tu as raison, un tel livre, mieux vaut l'avoir à disposition. Je l'ai pris à la bibliothèque et déjà je regrette d'avoir à m'en séparer.
RépondreSupprimerorfeenix, je découvre avec plaisir qu'il a aussi écrit ses mémoires pendant quelques années. J'ai hâte de les lire.
RépondreSupprimermaggie, Il puise beaucoup dans sa propre vie, dans la vie familiale de sa jeunesse et ressasse beaucoup les mêmes thèmes mais de façon si magistrale!
RépondreSupprimerNanne, C'est certainement un auteur à mieux connaître. Il serait temps que ses pièces soient offertes à un large public. Je meurs d'envie de les voir même si j'aime beaucoup les films qui en ont été tirés.
RépondreSupprimerOh lointaine lecture de ces pièces que je fis laborieusement lors de mes cours d'anglais !!
RépondreSupprimerIl faudrait que je les relise absolument et dans une bonne traduction :)
Cela fait pas mal de temps que je songe à découvrir cet auteur... Merci pour le rappel !
RépondreSupprimersybilline, les spécialistes que j'ai pu lire se félicitent de cette nouvelle traduction plus moderne et cependant respectueuse.
RépondreSupprimerMoka Il en vaut vraiment la peine même si on connaît déjà par cœur les films correspondants. En ce moment et pour quelques jours encore, on peut voir et revoir "Un tramway nommé Désir" sur TCM.
RépondreSupprimerCe que j'aime cette pièce! Je l'ai vue à Avignon. Le rôle de la jeune fille était interprétée par Romane Borringher qui était très bonne!
RépondreSupprimerPS : je viens de rentrer de mon voyage à Athènes et j'ai une insomnie... alors je lis les blogs amis!
Claudialucia, Je vois bien en effet cette actrice dans le rôle de la jeune fille. C'est une pièce très séduisante.
RépondreSupprimerBon retour d'Athènes. J'attends tes billets maintenant.
Un auteur que j'ai une grande envie de découvrir. Je n'ai même jamais vu aucun film tiré de ses pièces !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce texte!
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