Le peintre Joseph Czapski, lui, a choisi Proust pour lutter contre sa propre déchéance due à l’internement et aux conditions inhumaines des prisonniers en temps de guerre. L’esprit l’emporte ainsi sur le corps en loques et la barbarie guerrière. La culture partagée sert la dignité humaine.
Ce petit livre, l’auteur l’a tiré de ses conférences d’alors. On peut dire qu’il l’a écrit sans notes et sans livre de références, avec sa seule mémoire et sa sensibilité de lecteur attentif et le résultat est admirable. Il nous restitue une œuvre enthousiasmante, riche, complexe, simple et vécue à la fois! Il enrichit son analyse des ses impressions et de ses connaissances des écrivains célèbres et de leurs influences sur Proust au moment de la création. Il fait revivre Balzac, Tolstoï, Conrad, Anatole France, Barrès et bien d’autres. Il démonte l’oeuvre non pas totalement volume par volume car il avoue confondre les derniers mais il l’interprète et la commente de façon très vivante.
Deux passages m’ont particulièrement frappée : celui sur la mort de la grand-mère au début où il découvre cette cruelle vérité : « Quand on aime quelqu’un, on n’aime personne » et celui sur Bergotte,à la fin de la lecture quand toutes les vanités du monde ont été dénoncées.
«Ce n’est pas au nom de Dieu, ce n’est pas au nom de la religion que le héros de «A la recherche» quitte tout, mais il est frappé d’une révélation foudroyante. Les deux derniers volumes sont aussi un hymne de triomphe de l’homme qui a vendu tous ses biens pour acheter une seule perle précieuse et qui a mesuré tout l’éphémère, tous les déchirements et toute la vanité des joies du monde, de la jeunesse, de la célébrité, de l’érotisme, en comparaison avec la joie du créateur, de cet être qui, en construisant chaque phrase, en maniant et en remaniant chaque page, est à la recherche de l’absolu qu’il n’atteint jamais entièrement et qui d’ailleurs est impossible à atteindre.»Une très belle étude.
Merci à Keisha et Aifelle pour m'avoir fait connaître ce livre. Dominique en a également parlé, ainsi qu'Alex et Les carnets de JLK
Proust contre la déchéance, Conférences au camp de Griazowietz, Joseph Czapski, Les Éditions Noir sur blanc, 2011, 93 pages.
Comment ne pas tomber sous le charme de ce livre. Et le contexte où il a été rédigé le rend extrêmement précieux. L'humain est capable du pire, mais aussi du meilleur.
RépondreSupprimerJe vois que j'ai affaire à une lectrice de Proust! Bien, bien!
RépondreSupprimerJe reste fascinée par la mémoire de cet homme...
Je suis contente car je vais le lire bientôt !!!!
RépondreSupprimerJ'ai repéré ce livre: étant en train de lire Proust, je trouve ça très beau, le rôle donné à l'art par ce romancier !
RépondreSupprimerAifelle, c'st un travail très sérieux qu'il a fait là malgré les circonstances si déplorables! C'est en plus très agréable à lire!
RépondreSupprimerKeisha, je me suis régalée plusieurs étés méditerranéens de suite à le découvrir! Il m'en reste une sensation très forte de chaleur brûlante!!!
RépondreSupprimerclara, je te l'envoie lundi, sans faute!
RépondreSupprimermaggie, pour lui, l'art et la maladie auront eu une telle importance dans sa vie!
RépondreSupprimerUn petit livre, trop court pour nous, qui donne envie de lire et re-lire Proust.
RépondreSupprimerAlex, Après une telle lecture, tu as raison, on a vraiment envie d'ouvrir à nouveau un des volumes de "La recherche".
RépondreSupprimerVoilà un livre qui est sur ma liste !
RépondreSupprimerMargotte, une belle étude, tu verras!
RépondreSupprimerj'ai bien aimé ce livre et son introduction qui dépeint les conditions dans lesquelles ces conférences ont été données Ce livre est émouvant et c'est probablement une bonne introduction à la lecture de Proust
RépondreSupprimerBénédicte, c'est un livre tout à fait étonnant vu les circonstances!
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